Trail des Marcassins – “The show must go on…”
Trail des marcassins-34km , Saint-Brice-sous-forêt
Dimanche 01 février - 09h15
A peine une semaine après la disparition de mon père, en convalescence d'une sorte de grippe qui m'a quasiment cloué au lit depuis mardi et dont je ne suis pas encore entièrement remis, c'était un week-end riche en émotions de toutes sortes qui m'attendait pour ce début du mois de février.
De l'enterrement de mon père vendredi, à la fête d'anniversaire de mon grand fils ce dimanche, ce trail des marcassins venait compléter un tableau déjà bien rempli ! N'ayant pas mis de baskets depuis près d'une semaine, en manque de souffle, de sommeil et l'esprit ailleurs il m'était difficile de faire des pronostics sur cette course qui, l'an dernier déjà, m'avais causé pas mal de soucis !
Je partais donc dans l'inconnu le plus total ce dimanche matin depuis le parking du Carrefour de Saint-Brice. Ne sachant si je serais apte à faire les deux boucles proposées par l'organisation et mettant de côté tous mes objectifs de résultats, je n'avais d'autre solution qu' d'adopter une stratégie prudente, en espérant que ça tiendrait le coup !
Je prends donc un départ 'tranquille', avec un 1er km sur terrain quasiment plat, bouclé en tout juste 4', malgré tout je me retrouve en 7ème position, pas très loin derrière un petit groupe de 2 coureurs eux-même précédés de peu par 4 autres coureurs. J'ai une réelle impression de facilité et pourrais très bien, sans forcer, raccrocher les wagons avec ceux qui me précèdent. Cependant, la voix de la sagesse aidant, je reste tranquillement sur mon rythme.
La première portion montante se passe elle aussi très bien, et sans forcer je reste au contact de mes prédécesseurs, seuls 2 ou 3 coureurs, venu de l'arrière font la jonction et me dépassent. La montée suivante est un peu plus sévère et j'entrevoie rapidement mes limites, même si mes jambes semblent ok, côté souffle c'est une autre histoire. Je n'ai alors d'autre choix, que de lever le pied pour réussir à franchir l'obstacle.
Encore plus que d'habitude, les côtes me sont fatales et je dois me résoudre à laisser filer plein de coureurs à chaque portion un peu plus raide. Nous sommes maintenant en plein coeur de la forêt et les chemins, sans être techniques, sont très boueux, voir carrément liquides ! Malgré tout, ayant la chance d'être parmi les premiers, les chemins sont encore assez praticables et la boue ne ralentit pas trop ma progression.
Au fil des kilomètres je continue ma descente dans le classement, pour me retrouver, vers le 10ème km, aux alentours de la 18ème place. Alors que certains commencent à donner quelques signes de faiblesse, il est temps pour moi de me mettre au boulot. Je sais que la décision se fera dans la seconde boucle, qu'ils seront nombreux à faiblir et qu'il me faudra attendre les tous derniers kilomètres pour espérer remonter dans le classement. Difficile malgré tout de se motiver et de rester concentré lorsque l'on se doit de faire une course d'attente.
Ma dégringolade dans le classement s'arrêtera là, et sur les portions planes ou descendantes, je commence à rattraper des coureurs qui m'avaient précédemment déposés sur place. La remontée est lente, méticuleuse, fastidieuse et rendue d'autant plus difficile que sur les portions montantes je perds immédiatement le bénéfice de tout mon travail pour me faire à nouveau déposer.
Je jouerai ainsi au chat et à la souris avec 2 coureurs pendant plusieurs km, les rattrapant dans les descente et les laissant partir dans les côtes. La fin de la boucle m'étant plus favorable, je fausserai définitivement compagnie à mes deux compagnons dans la descente qui ramène vers le stade. En profitant même pour me rapprocher d'un nouveau duo qui sera mon nouveau point de mire.
J'arrive alors dans ma fenêtre de tir, cette période pendant laquelle je suis bien et où généralement les autres commencent à payer leurs efforts précédents ! Dans le début de la seconde boucle, je reviens assez vite sur mon duo et même dans les parties montantes reste accroché à leurs baskets. J'ai même l'impression d'aller plus vite que sur le premier tour. Il ne me faudra qu'une petite portion descendante pour les avaler et les laisser sur place. Je dois alors naviguer aux alentours de la 14ème place.
S'en suit un long moment de solitude où je ne verrai plus personne ni devant, ni derrière. Je m'efforce de rester concentré, mais moi aussi je manque un peu de caisse (en plus d'avoir les bronches encombrées, je n'ai pas fais de sortie longue depuis presque 2 mois !). Je dois également lutter contre les éléments. Cette boue qui était encore praticable sur le premier tour s'est très nettement ramollie avec le passage de plusieurs centaines de coureurs et autres randonneurs, la progression n'en est que plus délicate. Néanmoins j'ai un très bon équilibre et suis pleinement satisfait de mes Adizero XT4 (version 'Saintélyon') qui m'offrent une accroche impeccable et me permettent de continuer à envoyer dans les descentes.
Après quelques kilomètres d'errance, j'aperçois enfin devant moi un petit groupe de 3 coureurs sur lequel je suis en train de revenir progressivement. Même si je grimpe encore un peu moins vite qu'au premier tour, ils ne me prennent plus rien dans les côtes, je n'ai donc aucune difficulté à les rattraper, l'un après l'autre sur les portions qui me sont favorables... Me voilà quasiment aux portes du top 10.
Je rattrape alors un autre coureur qui, pour une raison que j'ignore, a fait une petite pause. Je n'arrive pas à le décrocher et sens bien qu'il est plus à l'aise que moi dans les côtes, il me rattrape, se porte à ma hauteur mais ne prends pas ses responsabilités et me laisse repasser au sommet de la côte suivante. Je me lance alors dans une petite portion descendante, le laisse sur place et ne le reverrai pas.
Il ne reste plus que quelques kilomètres à parcourir et les côtes se font de plus en plus difficiles à passer, je crains à chaque instant de voir un coureur revenir de l'arrière, mais il n'en sera rien, ils sont au moins aussi cuits que moi ! Je commence alors à rejoindre l'arrière du peloton des coureurs du 17km ainsi que celui des marcheurs nordiques. Heureusement, les chemins sont assez larges et les coureurs compréhensifs, je parviens sans mal à fendre la foule sans perdre de temps.
Mais dans cette foule de plus en plus nombreuse, il devient difficile de faire la distinction entre les coureurs de ma course et ceux des autres épreuves. Sans quasiment m'en rendre compte, je rattrape un coureur à l'agonie et me voila dans le top 10 !
Je dois sans doute en dépasser un autre, mais sans le voir. Il ne reste plus que 2 km, une dernière petite bute, puis la descente qui nous ramène vers le stade. Je file bon train et aperçois de nombreux coureurs devant moi, mais impossible de savoir sur quelle course ils se trouvent. Au loin, tout au loin, j'en repère un en particulier, il est tout en blanc, possède bien 250m d'avance sur moi mais, allez savoir pourquoi, je me lance le défi de le rattraper.
Course folle, objectif dérisoire, envie de me faire mal ? Je ne sais ce qui m'a poussé à hausser le rythme pour terminer les 500 derniers mètres à plus de 15 km/h. La ligne d'arrivée approche à grands pas, j'ai encore une bonne vingtaine de mètres de retard sur ma cible, et comme si ma vie en dépendait, je me lance dans une dernière ligne droite de feu. A seulement 50m de l'arrivée, je rejoins ma victime, le dépasse, et jette un coup d'oeil sur son dossard pour constater... qu'il s'agit bien d'un concurrent du 34km !! Je n'aurais donc pas fait cet effort pour rien, je gagne une dernière place au scratch, et une place sur le podium vétéran !!
Me voilà donc finalement en 8ème place au scratch et second vétéran ! Cette folle aventure se termine donc par un premier podium pour cette année 2015, inespéré quelques heures plus tôt !
Les résultats du trail des Marcassins 2015 :
resultats-trail-marcassins-2015.pdf