Marathon de Paris : Contrat rempli…
Marathon de Paris 2015
le 12 avril 2015, Champs Elysées, 8h45
Je ne reviendrais pas sur les péripéties de ma préparation hivernale car quoi que nous fassions, qui peut prétendre être satisfait de sa prépa le jour J et se dire qu'il est au top du top ? Une chose est certaine, et nous sommes tous logés à la même enseigne, lorsque nous sommes sur la ligne de départ, il faut tout oublier et se dire que l'on doit faire de notre mieux avec ce que l'on a !
Néanmoins il faut bien se fixer un objectif, un plan de course, une allure à tenir pour éviter de se cramer tout de suite, sans pour autant s'endormir en chemin. Ce choix, qui conditionne tout le reste, n'est jamais simple à faire. Si au vu de mon potentiel, la barre des 2h55 semblait être facilement à ma portée, je ne me risquais toutefois pas à viser plus haut, même si au fond de moi j'avais le sentiment de pouvoir faire encore mieux.
Mais, après avoir mis une bonne semaine à digérer, difficilement, l'écotrail de Paris, je me trouvais durant la dernière semaine avant le marathon dans une forme jamais atteinte précédemment, enchaînant les sorties à près de 15 km/h comme de simples footing, battant tous les records de mes parcours d'entrainement habituels sans même forcer !
J'aurais pu alors m'enflammer et rêver d'une performance exceptionnelle, mais cela aurait été une plongée dans l'inconnu avec le risque majeur de se planter en beauté. C'est pourquoi j'ai préféré, sagement pour une fois, partir sur une base de 2h55. J'aurais ensuite tout le temps de voir dans la seconde partie de la course s'il est possible d'accélérer et pourquoi pas d'envisager un negative split (exercice que je ne suis parvenu à réaliser que 2 fois en 16 marathons !)
Le récit de mon marathon de Paris 2015 :
Avec un nombre de participants de plus en plus important (où vont-il s'arrêter ?) la première chose à faire est d'arriver de bonne heure sur les lieux de la bataille ! C'est donc un réveil très matinal, à 5h30 qui m'attendais ce dimanche matin !
Le temps de prendre mon petit déjeuner, de me préparer, de vérifier que le sac est OK et me voilà parti en voiture, direction Paris. Juste à ma sortie du périph à porte Maillot, une magnifique place me tend les bras.. de bonne augure pour la suite ! Pas besoin de chercher, de stresser ou de tourner en rond !
Le temps de mettre mes chaussures et me voilà dans le métro direction Place Charles-de-Gaulle. J'ai encore une bonne heure devant moi, mais pas trop de temps pour traîner, l'avenue Foch se remplie petit à petit d'un grand nombre de coureurs. Je me pose dans un petit coin pour finir de m'habiller et de me préparer (oui je le sais, je suis pire qu'une fille et il me faut toujours beaucoup de temps pour me préparer !). Je prends le temps de regarder les autres coureurs autour de moi, stressés, angoissés, s'adonnant à leurs petits rituels et embaumant le camphre à plein nez !
il est 8h, je suis prêt, je pars déposer mon sac puis me diriger vers le stand de la RATP ou je retrouve mes potes Loïc et Didier du club de Livry. Nous partons tranquillement en petit footing vers le sas de départ. Il y a maintenant énormément de monde, mais en vieux briscards, nous descendons par les contre-allées pour nous rendre au départ. Quelques minutes plus tard nous y sommes, il est 8h30, je laisse mes camarades pour aller satisfaire un dernier petit besoin naturel puis entre dans le sas des préférentiels.
Je suis quelques mètres seulement derrière les élites, c'est kényans longilignes aux jambes sans fin et à peine plus épais que des baguettes chinoises ! Le speaker a beau mettre de l'ambiance et faire monter la température, il règne une sorte de quiétude, de calme avant la tempête. Il s'agit maintenant de faire le vide et de rentrer dans la course, mais est-on véritablement prêt ? Certainement que non, mais il faudra bien faire avec les moyens du bord ! Alea Jacta Est !!
8h45 : C'est parti !! quelques secondes seulement après les élites me voilà qui franchit la ligne de départ ! En route pour 42,195 km de bonheur... ou de grosse galère ! Personne ne le sait, tout peut arriver sur cette épreuve si particulière, le moindre grain de sable pourrait venir gripper la belle et fragile mécanique !
Dès les premiers mètres, je m'applique à respecter ma stratégie, à savoir la prudence ! Difficile de ne pas se faire entraîner par la ferveur, par les inconscients qui dévalent les Champs Elysées à fond, à ce faux plat descendant qui invite aux excès. Mais rien de tout cela ne me perturbera, j'ai décidé de partir sur une base de 2h55, soit 4'09" au km et pas question de s'en détourner.
Raisonnable je peux être, aussi surprenant que cela puisse paraître ! Je boucle mon premier km en 4'10", pus juste après avoir contourné l'obélisque je retrouve Loïc et Didier qui reviennent à ma hauteur. Je trouve qu'ils vont un peu trop vite par rapport à leur objectif, suicidaires ou ambitieux ? La suite le dira ! Ils stabilisent leur allure ce qui me permet de me caler tranquillement dans leur sillage. Une aide précieuse qui me permettra de ménager ma monture tout en évitant les excès d'enthousiasme !
les kilomètres suivants se feront entre 4'10" / 4'12" au km, je prends quelques secondes de retard sur mon plan de marche, mais ce n'est pas bien grave, mieux vaut laisser la machine chauffer en douceur. Les premiers kilomètres sont souvent les plus importants, une bonne gestion et vous êtes lancés sur la bonne trajectoire, une mauvaise et c'est la catastrophe assurée !
Toujours en compagnie de mes acolytes, je boucle les 5 premiers km en 20'49"... à 4 petites secondes de mon plan de départ. Tout va bien, nous passons pour la première fois place de la Bastille, la foule est impressionnante ! j'attrape au vol une petite bouteille d'eau, avale 2-3 gorgées et continue ma progression.
J'attends avec un peu d'appréhension la montée du 7ème km, l'une des plus importante du parcours. Ce passage sera un premier test qui m'en dira un peu plus sur l'état de la bête. Pas moyen de tricher ou de bluffer, le verdict de la côte sera implacable. Pour autant, pas question de se mettre en sur-régime, je reste donc bien au chaud derrière mes collègues et sans forcer j'avale la difficulté sans trop de pertes : passage du km 7 en 4'15"... c'est encourageant pour la suite. Les quelques secondes perdues seront reprises dans la descente vers la porte Dorée, il n'y a donc aucune raison de s'en faire.
Dans cette descente, je prends un peu les devant sur mes camarades, mais il reviennent dans la petite bosse qui suit le passage de la porte Dorée. Je reprends donc sagement ma place derrière eux, même si je suis de plus en plus persuadé qu'ils ne tiendront pas ce rythme jusqu'au bout !
Peu avant le 10ème km, je reçois les encouragements de Stéphane Aitaissa, venu nous soutenir au bord de la route. Je suis bien, ne force pas, mais ne reprends toujours pas de temps par rapport au programme. Je boucle pile les 5 km en 20'45" et passe donc au km 10 en 41'34"... toujours à 4 secondes de mon plan.
Je décide alors de prendre les choses en main et pour la première fois passe devant Loïc et Didier dans la descente qui mène vers le château de Vincennes. J'ai l'impression d'avoir accélérer, pourtant mes temps au km ne progressent guère : les km suivants tournent en 4'08". Au regard de l'effort fourni, le gain est plus que faible. Nous contournons le bois de Vincennes et abordons maintenant un faux plat montant.
Je ne veux pas prendre de risque, j'y vais piano, de toutes façons je n'arrive pas à accélérer ! Je boucle les 15ème et 16ème km en 4'15" environ. Je commence à me dire qu'il va être difficile de tenir l'objectif, car j'ai beau tenter d'accélérer, rien, même pire je commence à perdre du terrain. Le doute, sans véritablement s'installer, commence cependant à poindre le bout de son nez.
Je profites alors de la descente qui suit pour tenter de remettre les pendules à l'heure, j'allonge ma foulée et profite de ce profil plus avantageux pour me relancer. C'est un peu le tout pour le tout, soit je parviens à me recaler sur la bonne allure et c'est reparti pour un bon moment, soit je n'y parviens pas et la suite sera beaucoup plus pénible que prévu !
Passage au km 17 : Me voila soulagé : 3'51", non seulement j'ai repris une bonne allure, mais ne plus, en 1 seul km j'ai gommé tout le retard accumulé depuis le départ ! Une nouvelle course commence alors, même si je dois tenter de me freiner car, là je me dis quand même qu'il ne faudrait pas trop en faire. Le profil reste favorable jusqu'au semi ce qui me permet, sans aucune difficulté, de maintenir un rythme élevé proche des 15 km/h. Je bouclerai les 5 km de 15 à 20 en 19'59"... soit tout pile 15 de moyenne !
Non seulement j'ai comblé mon retard, mais me voila qui prends de l'avance, et pas qu'un peu ! Pourtant j'ai la sensation d'être plus facile dans cette allure qu'en début de course. Les km défilent à une vitesse impressionnante, et me voila sur l'avenue Daumesnil à hauteur du semi en 1h26'53".
Je continue toujours sur une cadence élevée entre 4' et 4'05" au km, et me revoilà déjà sur la place de la Bastille avant de redescendre vers les Quais de Seine. Ces fameux Quais de Seine qui représentent toujours un moment particulier tant il peut se passer de choses. En effet en ces quelques kilomètres peuvent se succéder des moments d'euphorie et des moments délicats. Les choses peuvent changer très vite, dans un sens ou dans l'autre. Il faut donc garder son sang froid, ne pas s'enflammer et ne pas se décourager non plus.
Mais pour moi cette année, aucune question à se poser, ça déroule tout seul à quasiment 15 km/h ! je boucle donc les 5km entre le 20 et le 25 en 20'16"... ce qui me donne un 40'15" sur les 10 derniers km ! Du jamais vu pour moi, la machine fonctionne à merveille, et va même un peu trop vite, mais je me sens tellement facile que je ne peux me résoudre à ralentir.
Passé le 25ème km, nous atteignons le grand tunnel près du Louvre, s'en suit alors l'un des passages les plus délicats du marathon avec une succession 4 tunnels qui cassent le rythme. Généralement ce passage laisse des traces qu'il est ensuite difficile à effacer ! Même si cette succession de petites montées raides me fait ralentir un peu, je reste malgré tout, et à ma grande surprise, dans le rythme aux alentours des 4'08" au km !
Le temps et les kilomètres défilent rapidement, je ne ressens pas de réelle fatigue, je me maintiens facilement dans mon rythme pour atteindre le 30ème km en 2h3'10", soit pratiquement 1'20" d'avance sur mon tableau de marche.
Je me rapproche à grands pas de ce fameux 34ème km, de ce virage à l'angle de Roland Garros, qui habituellement marque le début de la fin. En effet, ce virage annonce une succession de petites montées et faux plats qui, à ce stade de la course, peuvent se révéler fatals ! Je n'ai aucune raison de m'angoisser, mais néanmoins je ne suis pas pour autant rassuré ! Tant de fois ce virage aura marqué la fin de mes espoirs et le début du cauchemar !
Je suis toujours au taquet, passe le 33ème en 4'03" et ne lâche rien dans ce fameux 34ème, qui passe comme une lettre à la Poste en 4'08". Je lâche quelques miettes sur les 35ème et 36ème en 4'12" et 4'14" mais parvient à me reprendre sur le 37ème en 4'08" !
Il ne reste plus que 5 km, si je m'en suis bien mieux sorti que les années précédentes je commence malgré tout à accuser le coup, la foulée est moins précise, et je dois m'employer à fond pour ne pas perdre trop de temps. J'ai beau essayer de relancer, je n'y parviens guère et je perds quelques secondes par-ci par-là. Malgré tout je limite amplement la casse puisque je passerai en 20'59 du 35ème au 40ème, soit juste une quinzaine de secondes de perte.
L'arrivée est proche, il ne peut plus m'arriver grand chose, c'est maintenant quasiment certain, je remplirai mon objectif de terminer en moins de 2h55'. Alors que j'aurai encore pu espérer faire moins de 2h54, mes jambes sont de plus en plus lourdes, j'ai l'impression de ne plus avancer, d'être totalement arrêté. Plus de forces, plus de volonté, je me résous à laisser filer de précieuses secondes. J'ai l'impression que le 41ème km dure une éternité, pourtant je le bouclerai quand même en 4'22". Certes j'y laisse presque 15 secondes, mais par rapport à mes sensations du moment c'est quasiment inespéré !
J'essaie de relancer dans le dernier km, mais là non plus les jambes ne répondent pas, le cerveau non plus. il m'est totalement impossible de réagir, je commence à apercevoir le dernier rond point, celui qui doit nous emmener vers l'avenue Foch. Là encore j'essaie de relancer, mais toujours rien à faire. La foule est nombreuse, les encouragements aussi. Quelques coureurs me rattrapent, mais je ne peux réagir !
Je suis sur le rond point, si proche de l'arrivée, mais pourtant mes jambes n'avancent toujours pas. Voici enfin la dernière ligne droite, je passe le 42ème km en 4'23"... encore une quinzaine de secondes de perdues, mais je suis encore dans l'objectif !
Je ne sais si c'est l'effet de la foule, de cette ligne d'arrivée que je vois maintenant se rapprocher, ou cette jeune britannique qui vient de me dépasser, mais voilà que je retrouve un semblant de forces et que, sans réelle raison, je me lance dans une dernière ligne droite de feu ! C'est à pratiquement 16 km/h que je franchis cette fameuse ligne d'arrivée dans un temps de 2h54'20" !!
Content d'avoir réussi à tenir mon objectif, d'avoir battu mon record de 5 minutes, d'être parvenu à gérer ces fameux 8 derniers km sans trop de casse, d'être allé au bout de ce marathon et de moi-même.
Même si je sais que je dispose encore d'une bonne marge de progression, je suis fier de moi, fier de ce résultat, qui au vu de ma préparation, semblait presque irréaliste il y a encore quelques jours !
Merci à mon entraîneur, Jean-Claude, qui crois en mon potentiel et qui m'a bien aidé à en tirer le meilleur. Merci à Didier et Loïc qui m'ont accompagné en début de course et qui termineront respectivement en 2h58' (super résultat pour un V3 !) et 3h07' (Loïc tu as certes craqué, mais vu ton manque de préparation et tes blessures, c'est déjà un super course !). Merci aussi à ceux que j'ai croisé sur le parcours et qui m'ont encouragé (Xavier, Thierry, et j'en oublie...). Merci également à David Hardy pour la photo à l'arrivée !
Bravo pour ta perf et superbe récit !
Je suis Gilles avec qui tu as parlé le vendredi midi précédent la course en mangeant un sandwiche sur le stand du trail d’Angkor.
Comme promis, voici mon récit : j’avais comme objectif de faire 3h15 pour ce premier marathon avec comme seul repère un semi couru quelques semaines avant en 1h26’30”.
Je suis parti prudemment en suivant le meneur d’allure 3h15 jusqu’à Bastille où à cause de la foule autour du meneur, j’ai été gêné dans ma course. Cela m’a un peu énervé et me sentant bien je suis parti un peu devant voir pas mal devant avec une super traversée du bois de Vincennes. Je passe au semi en 1h35’06″ donc avec près de 2’30″ d’avance sur ma cible.
Je continue calmement jusqu’au 28k mais à ce moment-là, les jambes ont commencé à se durcir méchamment. Je me suis demandé comment j’allais finir. Pour la première fois depuis le départ, je sentais la majeure partie des gens me doubler. Finalement vers le 33ème km, j’ai repris un peu de poil de la bête et mes jambes ont accepté de continuer mais sans que je n’ai vraiment plus de contrôle sur ce que je faisais… Paradoxalement, je ne perdais pas tant de temps que ça sauf comme toi sur les km 41 et 42. Une dernière ligne droite pour achever mes jambes et je boucle le deuxième semi en 1h38 pour finir en 3h13’07″. Enorme satisfaction.
J’enchaine maintenant sur mon premier trail (25k, 1000D) samedi (25/04) ce qui m’aidera à savoir vers quoi j’ai envie d’aller : route ou trail.
En tout cas, encore merci pour la discussion sur le salon et pour tous les conseils que tu m’as donnés. J’essaierai de suivre le principal : la progressivité même si je sens que cela va être compliqué.
Bonjour Gilles et merci pour ton récit.
Bravo pour ta course, finalement bien maîtrisée puisque tu parviens à tenir ton objectif initial !
Je te souhaite une bonne course pour ton premier trail. N’hésites pas à me faire part de tes impressions sur cette grande première qui je suis certain sera une réussite pour toi
Sportivement
Michel
Merci pour tes encouragements.
Bon une semaine après, je repense à ton mot d’ordre : progressivité. Je ne l’ai pas trop respecté et j’ai un peu mal maintenant donc je vais me reposer pendant quelques jours (j’espère pas trop longtemps). Le trail s’est globalement bien passé (95ème sur près de 600 en 2h42) mais je ne m’attendais pas à un parcours si technique. Mon inexpérience des courses en côte a aussi été flagrante et je n’avais pas fait assez de bornes avec mes chaussures de trail. Je n’ai donc pas vraiment pris de plaisir ce qui est dommage. J’ai maintenant au moins une liste de choses à ne pas faire (courses éprouvantes rapprochées, chaussures quasi neuves, manque d’entrainement spécifique, non connaissance du parcours, …) et je sais aussi qu’il me reste énormément d’entrainement devant moi et ça, ça me motive ! Je repars donc à la case entrainement de base et je ne me fixe aucun objectif tant que je n’aurais pas repris à 100% mais à priori ce sera sur trail. PS : j’ai craqué plus vite que prévu sur la Fénix 3 (concours de circonstances aggravantes). Je dois la recevoir dans la semaine.
Gilles
Bonjour Gilles,
c’est le métier qui rentre, le passage de la route au trail nécessite quelques essais avant de trouver ses marques, mais une fois que tu t’es pris au jeu, tu ne pourras plus t’en passer !
on en apprend tout le temps, et chaque course est une expérience nouvelle qui nous aide à progresser.
donc sois patient et tu verras que tu progressera très vite !
Michel