Trail des Poilus 2016 : la guerre des tranchées !
Trail des Poilus 2016 - 2ème manche du TTN 2016
dimanche 13 mars 2016 - Château d'Olhain - 10h00
Préambule
Pour la première fois, le trail des Poilus est intégré au circuit du TTN cette année, une opportunité pour moi de changer un peu de décor et de découvrir une épreuve atypique dont j'avais beaucoup entendu parler.
Programmé une semaine avant l'Ecotrail de Paris, cela me laissera une semaine de récupération supplémentaire avant mon traditionnel marathon de Paris, peut-être de quoi y faire une meilleure perf... mais cela c'est une autre histoire !
J'irai dormir chez l'habitant
Autre grande nouveauté pour moi, pour la première fois, ce n'est pas à l'hôtel que je séjournerai la veille de la course mais chez des amis coureurs qui m'ont très gentiment invité à partager ce week-end avec eux.
Un grand merci à Benoît et Florence qui nous ont accueilli pour le week-end et avec qui nous avons passé de très bons moments !
L'état de la bête
Lorsque j'ai coché le trail des Poilus sur mon agenda, j'avais pour ambition d'en faire l'un des événements majeurs de mon début de saison.
Mon objectif étant d'y arriver en forme et bien préparé. On pourra dire, après analyse, que le contrat était pratiquement rempli. La préparation fût plutôt bonne et la forme presque au rendez-vous.
Il m'aura simplement manqué un peu (beaucoup) de travail spécifique dans la boue, ainsi qu'un peu de jus, le semi-marathon de Paris du week-end précédant la course ayant laissé plus de séquelles que prévu !
La course : le trail des Poilus 2016
Nous voici donc à 10h dans la cour du Château d'Olhain, près à en découdre ! Le temps, idéal et sec depuis quelques jours, devrait rendre le périple (un peu) moins compliqué que prévu !
Au départ, il y a du beau monde, et le niveau de la course promet d'être bien relevé ! Va falloir s'accrocher et ne rien lâcher !
Le ton est donné
Dès les premiers mètres, le ton est donné, comme souvent le départ est rapide, mais néanmoins je parviens à me positionner aux alentours de la 7ème place, juste dans le sillage des premiers. Seuls deux coureurs s'échappent déjà... personne ne les reverra plus !
Pas le temps de flâner, la vigilance est de mise, le chemin est piègeux, aucune erreur n'est permise. nous ne tardons pas à avoir les pieds mouillés... va falloir s'y habituer, ce n'est que le début !
Je me sens plutôt bien et parviens à suivre le rythme du petit groupe devant moi sans trop de difficulté... avant que nous n'abordions la première petite côte, durant laquelle je lève sagement le pied. (de toutes façons, j'ai pas le choix vu mes capacités à monter !)
Les organisateurs ont décidés de nous en faire baver ! Tout est bon pour sortir des sentiers battus et cheminer dans le lit des ruisseaux plutôt que sur les chemins ! Petit à petit je commence à comprendre l'état d'esprit de cette course... et commence à me dire que je ne suis pas au bout de mes peines.
Le pain blanc
Hormis ces quelques incursions hors piste, la première partie de la course est plutôt roulante, montées et descentes s'enchaînent sans trop de mal, même si dans chaque côte j'y laisse une ou deux places, je parviens à relancer dans les descentes et à recoller à ceux qui me précèdent.
Une petite erreur d'inattention, une glissade non maîtrisée... et me voilà parterre les fesses dans la boue ! De quoi calmer mes ardeurs et m'inciter à encore plus de vigilance.
Je reste patient, ne force pas trop, et me dis que mon heure viendra... plus tard. Les sensations sont bonnes et je gère bien chacune des difficultés qui se présentent à moi. Par ailleurs, je suis globalement dans mes temps de passage prévus, voir même un peu en avance.
La relance
Au petit jeu des montées descentes, me voilà désormais aux alentours de la 20ème place. Je me dis qu'il est temps de réagir un peu, car il ne faudrait pas s'enfoncer beaucoup plus dans le classement, au risque de ne plus pouvoir remonter par la suite.
Je profite d'un coureur qui me rattrape pour lui emboîter le pas et l'accompagner sur quelques kilomètres. Profitant en même temps de l'une des rares portions plus ou moins plate la cadence monte quasiment à 14 km/h... pendant environ 3 km, avant d'arriver au 20ème en 1h46', soit avec pratiquement 4 minutes d'avance sur mon planning.
Malheureusement je ne pourrais continuer à accrocher mon lièvre qui m'abandonnera définitivement dans la côte suivante. J'essaie malgré tout de garder la cadence, même si une fois esseulé c'est un peu plus compliqué.
Le premier ravito
Je parviens au 1er point de ravitaillement avec une avance de pratiquement 5 minutes sur l'horaire. Les voyants sont au vert, la bête va bien et ne souffre pas encore trop ! Malgré tout, je ne progresse pas dans le classement, ils sont tous costauds devant et ne cèdent rien !
Le raz-le bol !
Au fil des kilomètres le moral commence petit à petit à en prendre un coup d'autant que le parcours n'est pas très plaisant sur cette portion. Plus j'avance et plus je me dis que l'organisation n'a qu'une seule et unique obsession : le D+.
En effet, nous montons sur des buttes, sans aucun intérêt... pour les redescendre aussi rapidement et recommencer ! Le pompon arrive aux alentours du 28ème km à Bouvigny. Point ou je rejoindrais Xavier Boulanger qui m'accompagnera sur quelques centaines de mètres avant de décrocher. Trois fois de suite nous allons grimper la même butte !
Si la première ascension se fait par un chemin plus ou moins 'carrossable', il n'en est pas de même des suivantes ! Nous grimpons à flan de colline, dans les ronces et entre les troncs d'arbres... pour redescendre aussitôt arrivés en haut... et recommencer ! Et si cela ne suffisait pas à notre bonheur, la boue se fait maintenant omni-présente !
Je suis alors envahi par un sentiment de raz-le-bol et d'ennui qui me sortent presque totalement de la course ! Je n'ai qu'une hâte : en terminer et rentrer chez moi ! De mémoire, je ne me souviens pas d'avoir déjà ressenti cela en course !
La re-mobilisation
Heureusement, après quelques kilomètres d'errance je trouve les ressources pour me remotiver et essayer tant bien que mal de me remettre sur les bons rails.
Quelques passages plus simples m'aideront dans cette tâche, même si les jambes commencent à se faire raide et les montées plus délicates... j'y laisse d'ailleurs de temps à autre une place au profit de coureurs plus frais que moi, qui me rattrapent et me laissent quasiment sur place !
Mais je ne me décourage pas pour autant, je suis toujours environ à la 20ème place et me dis que je vais bien en ramasser quelques uns d'ici l'arrivée ! Cela sera chose faite quelques minutes plus tard, où d'un seul coup je croque 3 coureurs qui souffrent de crampes dans les descentes. Me voilà alors 17ème, et je me dis que tout est encore possible.
C'est dans cette position que je parviendrai au second ravitaillement à Ablain-saint-Nazaire.
Les montagnes Russes
J'avais été prévenu, la fin du parcours est terrible, entre une succession de côtes, un passage dans les tranchées et une boue toujours bien collante... va falloir s'accrocher !
J'éprouve de plus en plus de difficultés dans les côtes et suis en train de perdre beaucoup de terrain à la moindre 'petite' montée. Pas de chance pour moi, le profil ne m'est pas franchement favorable. Aucun instant de répit, les montées raides (passages de cordes) s'enchaînent à un rythme effréné ! Et les descentes, tout aussi raides et glissantes, ne permettent pas de relancer !
La fin va être longue, très longue !
Le troisième ravito
Lorsque j'y parviens, malgré ma baisse de rythme, je tiens toujours la 17ème place. Il ne reste qu'environ 9km à parcourir, mais encore quelques belles pentes à gravir.
J'ai abandonné l'idée de rattraper les coureurs qui me précèdent et tente seulement de conserver ma position. J'ai environ 5 minutes d'avance sur le suivant... mais je ne suis pas certain de parvenir à conserver cet avantage tant je peine dans les côtes.
Chacune d'entre-elle est une souffrance, et je n'ai qu'une hâte : en finir ! Les forces et le mental m'abandonnent.
L'agonie
Il ne doit plus rester que 3 petits kilomètres lorsque je gravi un escalier interminable qui conduit au sommet de Notre-dame-de-Lorette. L'arrivée est juste là à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau... mais nous devons faire un long détour pour y parvenir !
En haut de l'escalier, j'aperçois Lucie Jamsin qui a une cadence infernale ! Je tente tout ce que je peux pour ne pas me faire rattraper. Si j'y parviens sans trop de mal dans la descente, je laisse beaucoup de plumes dans la montée suivante. Elle se rapproche, je ne dois plus avoir qu'une centaine de mètres d'avance.
Une nouvelle petite descente me donne un peu d'air, mais au moment d'aborder la dernière grosse montée du parcours, à 1,5 km de l'arrivée, je suis obligé de constater qu'il m'est impossible de luter !
Elle me rejoins avec une facilité déconcertante et me laisse littéralement sur place. Asphyxié, je ne peux rien faire. Les forces ne sont plus là, le mental est en berne et m'a définitivement abandonné.
500m, un dernier gros raidillon boueux, je me retourne et constate qu'un autre concurrent est en train de fondre sur moi ! J'essaie d'accélérer, mais rien n'y fait !
Le calice jusqu'à la lie
A 200m je suis rejoins, et suis obligé de le laisser passer, impuissant. Au sommet de la bosse, il reste environ 150m de plat avant la ligne. Dans un dernier effort, mais avec une totale absence de lucidité, je me lance dans un sprint suicidaire. Je parviens à dépasser mon adversaire, mais j'ai lancé les hostilités beaucoup trop tôt et cette ligne droite me paraît interminable !
La réplique ne tarde pas à se faire sentir, mon adversaire relance, je tente bien de résister et de contenir ses assauts, mais rien n'y fait ! Je suis vaincu et doit me résoudre à subir ce qui pour moi est la pire des choses : me faire déposer sur la ligne !
La désillusion
En 1,5 km je serai passé de 17 à 19ème ! Cela faisait fort longtemps qu'une telle chose ne m'étais pas arrivée !
Il me faudra plusieurs minutes pour reprendre mon souffle et digérer ma déception. A bout de forces physique et usé mentalement je n'ai pas su trouver les ressources qui habituellement me permettent d'éviter ce genre de déconvenue.
A cela associé un parcours éprouvant physiquement et nerveusement, dont j'ai par moment eu du mal à percevoir l'intérêt, ce fût un moment difficile à vivre, mais cela fait partie de la course, et l'on ne peut être au mieux à chaque fois.
J'espérais faire un top 15 voire mieux... je devrais me contenter de cette honorable 19ème place
La relativité
Si ce résultat, que j'ai d'abord estimé en demie-teinte est loin de me satisfaire d'un point de vue purement comptable, il convient de relativiser. Nombreux sont ceux qui auraient bien aimé être à ma place !
Je termine à 1h02 du vainqueur Sébastien Spehler, qui n'est plus à présenter, et c'est en soit une belle perf ! Ce n'est pas tous les jours que je m'approche à tout juste une heure de la crème des crèmes !
Si j'y avais cru un tout petit peu plus, si je n'avais pas sombré litérallement dans le dernier kilomètre, je serais sans doute parvenu à rentrer à moins d'une heure de Seb !
Même si j'hésiterai probablement et y réfléchirai a deux fois avant de revenir me battre dans les tranchées du Pas-de-Calais, ce fût malgré tout une belle course de laquelle je dois tirer de nombreux enseignements qui me seront fort utiles à l'avenir.
Les résultats détaillés du Trail des Poilus 2016 :