EDF Cenis-Tour 2017 : la cinquantième !
Trail Rouge de Val-Cenis 2017
Lanslevillard - dimanche 06 août 2017 - 07h00
Comme c'est indiqué dans le titre de mon CR, le trail de Val-Cenis 2017 sera pour moi l'occasion de fêter le cap des 50 Ultras (n'en déplaise à certain, la dénomination d'Ultra s'applique à toute distance supérieure au marathon), une course qui s'annonce donc un peu particulière, sous forme de symbole.
Mais comme souvent début août, après une première partie de saison bien chargée, j'arrive à Val-Cenis un peu fatigué, mais l'idée de base est simple : se faire plaisir, un point c'est tout ! Cette année je suis accompagné par mes deux grands garçons, l'occasion de passer un petit week-end sympa juste entre nous, se balader et profiter de l'air de la montagne.
A la veille de la course, je ne donne pas cher de mes chances de réussite, et tente de me concentrer sur l'unique enjeu du week-end : le plaisir ! Pas toujours évident quand on est habitué à se motiver pour le résultat !
Le récit de mon EDF Cenis-Tour 2017
C'est donc sans pression, ou presque, sans objectif, ou presque, que je me dirige vers la ligne de départ au centre du village de Lanslevillard en ce dimanche matin pour participer à cette belle course que je commence à bien connaître. Les conditions météo sont plutôt favorables après les jours de forte chaleur passés, qui ont fait place à un temps couvert et plutôt frais. De bonne augure pour la suite !
7h00, le départ est donné, et pas le temps de s'échauffer, on attaque directement droit dans le pentu, avant même la sortie du village. Je me positionne tant bien que mal aux environ de la dixième place, rapidement les cuisses commencent à chauffer, mais je parviens sans trop de mal à gérer le début de cette longue ascension qui doit nous mener vers le col du Mont-Cenis.
Cette première ascension en forêt est comme toujours un régal pour les yeux, et pas trop pour les jambes, après une première portion relativement facile avec quelques moments de répit, voir quelques portions descendantes, nous attaquons les choses vraiment sérieuses au niveau du petit chalet de Chantelouve-le-haut.
A partir de là, fini la rigolade ! ça monte tout droit pendant environ 2 kilomètres ! Nous sommes toujours en forêt et je parviens tant bien que mal à me maintenir dans le top10. Ce qui est plutôt encourageant car habituellement je me retrouve plutôt aux alentours de la 15ème place !
J'essaie de profiter du paysage qui est de plus en plus magnifique alors que l'on s'approche du sommet, nous allons franchir deux petites cascades, la première à gué et la seconde sur un petit pont métallique avant d'atteindre une partie très raide, équipée de cordes, qu'il faut négocier prudemment avant de pouvoir relancer l'allure.
Finalement, cette ascension s'est bien déroulée et je relance bien dans une partie en faux plat sur les hauteurs. Nous sommes maintenant à plus de 2000m d'altitude et la forêt a fait place aux alpages. Heureusement le ciel est un peu couvert et la température très agréable. Nous abordons ensuite un large chemin forestier en descente qui doit nous emmener au Col du Mont-Cenis. L'occasion de laisser aller les jambes et de faire quelques kilomètres à 15 km/h... mais loin de rattraper les coureurs devant moi, c'est un coureur revenu de derrière qui fait la jonction ! Rien de bien grave néanmoins, la route est encore longue !
On attaque la deuxième ascension !
C'est finalement en 9ème position que je pointe au Col avant d'aborder la seconde difficulté du jour : la montée vers le fort de la Turra. Cette partie est la plus raide du parcours, les jambes se font un peu lourde, mais malgré tout et même si un nouveau coureur en profite pour me dépasser, je suis en train de revenir sur les concurrents devant moi. Les derniers mètres de l'ascension sont difficile, une nouvelle fois il faut mettre les mains et s'agripper aux cordes !
Une fois passé ce point délicat, un léger replat, (enfin une pente à seulement 10% environ) et nous voilà parti en direction du Pas de la Beccia. Un paysage un peu lunaire et très rocailleux s'offre à nous. Il convient de faire attention où l'on met ses pieds ! Et bien que la pente moyenne soit ici relativement faible, il faut encaisser malgré tout 2 ou 3 coups de culs bien prononcés !
Le jeu en valait bien la chandelle, car une fois arrivé en haut, quelle vue splendide sur la vallée et le lac artificiel du Mont-Cenis ! C'est tout simplement magnifique. Néanmoins, pas le temps de s'endormir, il faut directement plonger dans la descente !
Cette descente, je la connais bien, la redoute à chaque fois que je l'emprunte, et même si d'années en années je m'y sens de plus en plus à l'aise, je reste toujours sur mes gardes !... Malheureusement la peur n'évite pas le danger, et malgré toutes mes précautions, mon pied butte sur une pierre... et me voilà repartir pour un vol plané !
J'ai le réflexe de poser les mains... ce qui m'évitera de justesse de taper la tête dans le rocher suivant ! Bien m'en a pris, même si ma main a bien morflé et que j'en porte encore la trace aujourd'hui ! Rien de bien grave mais ça pisse le sang.... me voilà donc une nouvelle fois parti en mode warrior pour terminer la course !
La suite de la descente se passe sans encombre, à l'approche du deuxième point de ravitaillement j'ai en ligne de mire le coureur qui m'avait doublé dans la précédente côte ainsi que les 2 autres que j'apercevais de temps en temps !
En route vers la dernière grosse difficulté
Comme à mon habitude je réalise un ravitaillement éclair et part sans coup férir à l'assaut du Col de Sollières, dernière grosse ascension du parcours. Cela me laisse le temps de prendre un peu d'avance sur mes 3 concurrents.
Si je parviens à courir dans le tout début de la montée, je dois vite me résigner à marcher, la pente est assez raide et mes jambes n'ont plus beaucoup d'énergie. Il faut dire également que nous sommes à plus de 2500m d'altitude et qu'il est bien difficile de s'oxygéner normalement ! Non sans mal je parviens à maintenir un petit écart d'environ 2 minutes sur mon poursuivant le plus proche dans cette ultime grosse montée.
La surprise du chef
Une fois au sommet, alors qu'habituellement nous partions sur la droite sur un faux plat, on nous dirige vers la gauche, directement dans une descente vers le fond d'une petite vallée. Passé l'effet de surprise, je me concentre sur cet itinéraire qui n'était pas prévu sur le roadbook. Tout en me disant qu'en passant par là.... on va devoir inévitablement remonter à un moment où un autre !
Pas de chance, mes jambes n'en peuvent plus de monter, et même si cette portion de descente est plus agréable que le parcours originel, je m'attends à souffrir un peu plus que prévu !
Mes craintes étaient bien fondées, et après environ 2 km de descente, nous voilà à devoir remonter pour tenter de récupérer le chemin habituel ! J'ai beau faire de mon mieux, je ne peux empêcher le retour de mon plus proche poursuivant à moins d'une minute. Heureusement pour moi, cette remontée n'est pas trop longue et nous rejoignons la route forestière qui doit nous emmener vers le Replat du Canon, lieu du troisième et dernier ravitaillement.
Ce chemin est sans difficulté et en descente, j'en profite pour reprendre un peu de marge et relancer l'allure à quasiment 15 km/h. Derrière ça ne revient pas ! Je ne m'attardes pas au ravitaillement, l'objectif étant d'être reparti avant que le suivant n'arrive !
Ne rien lâcher !
La suite de la descente n'est pas des plus faciles. Tout d'abord parce qu'après une petite portion descendante nous devons remonter pendant environ 1,5km... et même si la pente n'est pas très importante, la tentation de marcher est très présente, mais pas question d'y céder ! Je ne peux me le permettre.
Passé ce cap le chemin descend de nouveau, dans un premier temps sur un large chemin très roulant, mais les choses se compliquent un peu lorsque nous devons aborder les 3 derniers kilomètres de descente par un sentier très raide avec des portions à plus de 20% ! Le sentier est de toute beauté, mais là encore, pas le droit à l'erreur, les cuisses et les pieds sont en surchauffe ! Il faut tout donner tout en faisant attention à ne pas se prendre les pieds dans le tapis.
Pour corser l'affaire, nous commençons à rattraper l'arrière garde des autres courses. Difficile de dépasser sur ces singles abrupts, mais heureusement tous les concurrents jouent le jeu à merveille et s'écartent pour nous laisser passer.
Une dernière pour la route !
En bas de la descente au niveau de Lanslebourg, il ne reste plus qu'à rejoindre le village d'arrivée. Mais pour y parvenir reste une dernière côte à gravir ! Les jambes sont à la limite de la rupture, mais pas question de faiblir ! Quelques centaines de mètres devant moi je vois un coureur qui va me servir de point de mire, m'évitant de trop penser à ce qui pourrait revenir de derrière !
Dans cette ultime côte, pas d'autres solutions que de marcher ! Et de tenter de relancer une fois en haut. Je n'ai pas réussi à faire la jonction avec le concurrent qui me précède et me lance dans la descente qui suit sans espoir de revenir.... Passé quelques centaines de mètres, je vois mon prédécesseur qui est au ralenti, pris par les crampes, et qui n'arrive pas à descendre !
Du pain béni pour moi qui le rattrape très rapidement, lui dis un petit mot d'encouragement, sans doute mal interprété car le gars me répond en italien, je n'y comprends rien, mais au ton de sa réponse, je pense qu'il ne m'envoie pas des mots d'amour !
Jusqu'au bout de l'effort
Ne reste plus maintenant qu'à remonter vers le centre du village et passer sur la petite butte derrière l'église. Je me trouve un peu désorienté car cette année les organisateurs ont décidés de nous faire passer par l'autre côté... mais passé l'effet de surprise je repars à l'assaut des derniers mètres. J'aperçois mes deux grands qui m'attendent près de l'arrivée que je vais franchir en leur compagnie !
Le job est accompli en un peu plus de 5 heures, avec au final une 6ème place au scratch arrachée dans le dernier km, et une seconde place en vétéran ! Ce résultat était un peu inespéré au départ, et me voilà une nouvelle fois sur le podium de l'EDF Cenis-Tour ! Bref une mission accomplie, avec au delà de la douleur de l'effort, un véritable plaisir de venir courir une nouvelle fois dans ce décors merveilleux !