Foulées des 2 roches : Jour de gloire !!

Marathon trail de Guery - 47km

Dimanche 18 juillet 2021 - Rochefort-Montagne - 7h

Remettre l'église au centre du village !

Après mon échec au Trail du Morbihan, une profonde remise en question s'imposait ! Tout d'abord en ce qui concernait mon planning de l'été !

Il n'aurait pas été raisonnable, au vu de la forme physique et mentale d'aller faire le mariole autour du Mont-Blanc, pour un défi certes intéressant, mais bien loin de mes objectifs de la Rentrée. Faire ce tour du Mont-Blanc eu été une erreur qui aurait pu compromettre grandement mon programme à venir.

C'est donc à la dernière minute que j'ai retourné ma veste, ou plus exactement retrouvé mes esprits, pour changer d'objectif et m'inscrire sur cette course de 47km pour 1800m de D+, plus en adéquation avec ce qui m'attendra plus tard, et cerise sur le gâteau, sur mes terres auvergnates !

Mais la remise en question ne s'arrêtait pas simplement à ce recadrage d'objectif, elle devait s'accompagner de grand changement en terme alimentaire et hydratation, ainsi et surtout en terme de gestion de course !

Mon seul objectif devait être alors de tester toutes ces modifications d'alimentation et de stratégie, laissant alors de côté tout objectif vis à vis du classement.

Un début de course prudent

Pour mettre en oeuvre mon plan de course, il était indispensable de ne pas s'emballer, de partir sur mon rythme, et non pas d'essayer de suivre celui des avions de chasse !

Revenir donc sur ma stratégie usuelle, ne pas me croire plus beau et plus fort que je ne suis, et ne pas se laisser tenter par l'ivresse de la course en tête.

De toutes façons, je n'ai eu guère le choix, car dès les premiers hectomètres, le profil du parcours s'élevait fortement. Habituellement peu à mon aise en côte, surtout en début de course, je devais laisser filer tout un groupe,... et me retrouver 16ème en haut de la première butte !! Pour environ 90 coureurs au départ, je me suis dis que j'allais prendre cher !

Mais peu importe, l'essentiel était de rester sur mes bases chronométriques telles que calculées avant la course (voir ma simulation de calcul : simulation trail des 2 roches).

Dans la descente suivante j'allais revenir aux alentours de la 12-13ème place, avec en ligne de mire 4 coureurs et donc la 9ème place. A ce moment je me disais qu'un top 10 au final ne serait pas si mal. Au vu du profil, majoritairement en descente sur la seconde partie, cela semblait jouable, temps que je ne laissais pas trop partir les gars devant moi.

Premiers égarements

Après le passage le plus raide de la course, quelques coureurs devant moi eurent des petits soucis d'orientation avec un balisage retiré par des petits malins (ou plutôt des gros cons !) sur une grande portion, où il fallait prendre une route forestière sur la gauche mais nullement indiqué. Heureusement pour moi, j'avais la trace du parcours et j'étais venu reconnaître le parcours quelques jours auparavant, ce qui m'évita cette petite séance de jardinage !

Des conditions dantesques

Si lors de la première partie de la course nous étions relativement protégés en forêt, les choses se gâtèrent une fois arrivés à proximité du lac de Guery : un vent à décorner les boeufs, une brume dense et une visibilité très réduite !

Néanmoins je continuais sur mon rythme de croisière, rattrapant le petit groupe devant moi lorsque la pente se faisait moins raide, c'est aux alentours de la 10ème place (du moins c'est ce que je pensais) que je retrouvais Péline, complètement gelée, au 1er ravito.

Le temps de remplir ma gourde et me voilà reparti, de nouveau 12ème, à l'assaut du Puy du Loup !

Navigation à vue

La visibilité était de pire en pire, et le chemin pas évident à suivre, peu de balisage et chemin très peu fréquenté. Là encore mes recos des jours précédents m'évitèrent de tâtonner au sommet et de trouver rapidement la bonne trace.

Entre temps j'avais déjà repris un gars, avant de revenir sur les 3 précédents dans la petite descente vers la banne d'Ordanche.

Le tournant de la course

Arrivé au col, il fallait directement redescendre par un petit chemin sur la gauche, toujours dans la brume épaisse et un balisage très léger, je doublais un gars juste avant la descente, en apercevant un autre qui n'avait pas vu la bifurcation et filait tout droit... vers le sommet de la Banne d'Ordanche ! Trop loin pour que je puisse le prévenir, je me jetais à fond dans la descente.

A ce moment, je pensais être 7ème, essayant de voir au loin ma prochaine proie, j'étais assez surpris de ne voir personne !! Alors que j'avais, pour un instant, une vue dégagée sur le Puy Gros !

On passe la seconde

Remotivé par ma remontée dans le classement, j'accélère, un tout petit peu le rythme, du moins j'essaie, car en haut du Puy Gros le vent est tel, que la progression devient très difficile.

J'aborde ensuite la descente avec la plus grande prudence, car pour bien la connaître, je sais qu'elle est très piégeuse, caillouteuse à souhaits !

C'est dans cette descente que je croise 2 coureurs... à contresens !! visiblement ils se sont égarés eux aussi et font la boucle à l'envers !

Une fois cette descente technique passée, je peux relancer l'allure, malgré le vent toujours violent, pour le retour vers le lac de Guery.

La surprise du chef

S'il est un truc auquel je ne m'attendais pas du tout, c'est bien celui-là !

Lorsque j'arrive au ravito du Col, c'est un peu incrédule que j'apprends de la bouche de Péline que... je suis en tête de la course !

Je ne m'emballe pas pour autant, la course est encore très longue et nul doute que les avions de chasse qui sont lancés à ma poursuite vont bien vite remettre les pendules à l'heure !

Aussitôt dit, aussitôt fait ! A peine un km plus loin deux coureurs me rattrapent et me dépassent avec une grande facilité. Je tente de m'accrocher, mais j'ai un peu de mal à suivre dans la montée vers le Puy de l'Ouire !

Néanmoins j'essaie de ne pas trop me faire distancer, sentant que si je parvenais à m'accrocher je pourrais peut-être viser le podium à l'arrivée... chose encore inespérée il y a quelques minutes de cela !

Le tournant de la course

En haut de la montée du Puy de l'Ouire, notre parcours bifurque sur la droite, il faut franchir une échelle pour passer une clôture et poursuivre encore la montée.

Mais ce point de passage était commun avec la course VTT... qui elle continuait tout droit et redescendait directement (avec néanmoins un parcours un peu plus long pour rejoindre le point suivant). Le balisage était un peu trompeur et lorsque j'arrive à proximité j'aperçois au loin un coureur qui visiblement n'a pas vu qu'il fallait tourner. A peine le temps de réaliser que je ne le vois plus et ne peux le prévenir de son erreur.

Je n'ai aucune idée à ce moment de ce qu'il va se passer, mais j'ai le sentiment que la chance me sourit une nouvelle fois, que les 2 leaders sont partis sur la mauvaise trace... me laissant à nouveau la tête de course !

Une fois en haut de cette dernière grosse difficulté, je me jette dans la descente. Un peu plus loin, je rattrape deux coureurs, qui visiblement s'étaient égarés et n'avaient pas fait la boucle du Puy Gros. Y en a t-il d'autres devant ? je n'en ai pas la moindre idée ! Mais pas le temps de réfléchir il faut continuer à avancer.

Je passe par quelques moments de doutes lorsque le tracé s'éloigne, pendant un petit moment du parcours que j'ai dans ma montre. Suis-je sur la bonne trace, ai-je raté quelque chose, suis-je moi aussi reparti sur le parcours vtt ?

Je préfère ne pas y penser, de toute façon il est trop tard pour tenter de reprendre la trace GPX, je poursuis sur ce chemin, qui suit le GR, vers le lac de Servières, où là je suis rassuré sur le fait d'être sur le bon parcours.

Un sprint de 18 km !

Passé le lac se profile le 3ème ravito où Péline me confirme que je suis toujours en tête, mais à peine ai-je fini de me ravitailler que je vois arriver l'un des deux petit jeune qui m'avait doublé après le ravito précédent.

Ils ont certes fait un détour en prenant le parcours VTT, mais sont toujours sur mes talons !

C'est alors que commence une autre course. Je n'ai rien à perdre, alors je me lance dans une course folle, certes aidé par un profil plutôt en descente qui m'est assez favorable, je suis à plus de 15 km/h !

Ma seule chance de rester en tête consiste à distancer mon poursuivant le plus rapidement possible. Deux hypothèses, soit je parviens à me mettre hors de sa vue et j'ai une petite chance de le décourager, soit malgré mes efforts il revient sur moi, et dans ce cas, je devrait me battre pour tenter de conserver une place sur le podium.

A ma grande surprise, je parviens à mettre en oeuvre la première hypothèse et réussi à repousser mon adversaire à un peu plus d'une minute ! Il ne revient pas, je parviens même à porter cet avantage jusqu'à pratiquement 2 minutes !

Je sers les dents, donne tout ce que je peux dans cette fin de course incroyable. Reste encore quelques côtes que je me dois d'attaquer le plus fort possible, car si retour il y a cela sera probablement dans cette portion un peu plus accidentée.

Les 5 km les plus longs de ma vie...

La fatigue commence à se faire sentir, les jambes s'alourdissent de plus en plus, mais le mental est toujours là et me fait oublier la douleur.

Je parviens au dernier point de ravitaillement, toujours en tête. Un arrêt éclair et je me jette dans ces 5 derniers km. Il reste deux petites côtes à grimper, mais dans un terrain particulièrement gras et boueux.

Nous avons maintenant rejoins les même parcours que les autres courses, ce qui complique un tout petit peu les choses, il faut maintenant slalomer entre les concurrents de ces épreuves.

J'attaque l'avant dernière côte, toujours aucune trace derrière moi de mon adversaire, je me force à courir tout le long, malgré la pente la boue et les caillasses. L'effort est intense mais je tiens bon !

Il s'en suit une descente particulièrement délicate entre boue et caillasses, pas franchement mon terrain de prédilection ! J'essaie de passer l'obstacle le plus vite possible, sans commettre de faute, la concentration est à son maximum !

Une dernière portion de plaine dans l'herbe, toujours personne derrière !

Une petite remontée, une route à traverser. A peine un kilomètre à parcourir... mais qu'il est long ! Une dernière butte, la souffrance est de plus en plus présente, mais ne rien lâcher, tenir jusqu'au bout !

En haut de la butte, reste 600m environ, un petit coup d'oeil derrière moi : toujours personne... ça sent bon, mais ce n'est pas encore fait !

La délivrance...

Un dernier faut-plat avant de descendre vers l'arrivée, on peut d'ailleurs apercevoir l'arche de l'autre côté du chemin. Le souffle est court, les jambes brulent, mais ce n'est pas encore le moment de se relâcher !

Un dernier coup d'oeil en arrière, plus que 300m, en descente, et pas de trace de mon adversaire. Cette fois c'est bon !! Sans baisser pour autant de rythme, je peux commencer à savourer !

C'est incroyable, mais je l'ai fait !! L'arrivée me tend les bras ! L'émotion commence à monter, je suis à la limite entre joie et larmes, je n'y crois pas réellement, je ne réalise pas que je suis en train, à 50 ans bien sonné, à remporter mon premier trail !

Quelle délivrance en franchissant cette ligne d'arrivée ! J'ai gagné !! Je n'en reviens pas et il me faudra un bon moment pour réaliser cet exploit !

Et même si j'ai été aidé par des circonstances particulières, cela fait partie de la course, je ne me suis pas perdu, j'ai su rester sur le parcours et éviter les embûches.

Mon jeune adversaire arrive seulement 48 secondes derrière moi, preuve s'il en est que j'ai bien fait de tout donner sur cette fin de course !

Je n'avais finalement que très peu de marge, il a fallu s'arracher, tout donner durant cette fin de course exceptionnelle !

Qui eut crû à ce scenario fou ? Certainement pas moi, qui était parti ce matin dans le seul but de me régler et tester quelques solutions suite au fiasco de la course précédente ? Tout cela est de bon augure pour la suite, mais il faudra savoir la tête froide garder !

Et pour conclure, tout cela n'aurait été possible sans l'aide de ma compagne Péline qui a été au top, dans le vent, le froid et la brume pour me faire une assistance énorme durant toute cette belle aventure !

 


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