Semi & Marathon de Paris : Le Hold-Up !
Le temps des records !
10 bornes, semi & marathon le tout en 4 semaines !
Au regard de ces derniers mois, s'il est bien une chose à laquelle je ne m'attendais pas, c'était bien de battre tous mes records sur route à l'occasion de ces 2 courses !
Le contexte
Si l'année 2021 fut pour moi une année sportive extraordinaire : Champion d'Europe, Champion de France, Record sur marathon... et bien d'autres belles perfs. Tout s'est brusquement arrêté début novembre à mon retour d'Italie et du Sicily Volcano-Trail (que j'ai remporté).
Une succession d'événements personnels, que je ne détaillerai pas ici ont fait passer le sport et la course à pied au second plan pendant pratiquement 5 mois.
Je ne dois d'avoir maintenu un semblant de condition physique qu'à mon rôle d'entraineur au club de Livry-Gargan. Pendant cette période, je me suis fais violence pour courir 2 fois par semaine avec mes athlètes, mais le coeur et l'envie n'y étaient pas.
J'y ai également ajouté quelques courses afin de m'obliger à une sortie longue le week-end, mais pas tous les week-end non plus.
Même si j'avais déjà réduit mon volume kilométrique depuis plus d'un an, jamais je n'avais atteint un tel niveau de non-entraînement.
Miracles à répétition
Dans un tel contexte, sans motivation, en manque de préparation et d'endurance flagrant, je n'aurais pas misé un seul centime sur de tels chronos !!
Pour ces deux courses, je n'avais strictement aucun objectif, si ce n'est de rejoindre la ligne d'arrivée... pour rentrer au plus tôt à la maison !
Très peu de sorties longues, hormis une ou deux courses, aucune séance d'allure spécifique... Seul point positif, aucune pression, juste l'envie de changer d'air, d'oublier les problèmes le temps d'une course, d'une bouffée d'oxygène
Avec le recul, j'y vois maintenant un peu plus clair et cela trouve un peu plus de sens à mes yeux. J'y reviendrai dans un prochain article où je tenterai d'expliquer l'inexplicable !
Acte I : Le Semi de Paris
Le pire moment pour moi, l'apogée de mes soucis personnels, de mes nuits sans sommeil... c'est véritablement à reculons que je suis allé chercher mon dossard le vendredi... avant une nouvelle nuit sans sommeil.
Bref des conditions idéales pour être au top le dimanche matin ! Le jour venu, c'est sans aucune conviction que je prends la direction de Paris pour prendre le départ du Semi.
Tout au plus, et dans le meilleur des cas, je pensais pouvoir réaliser un chrono entre 1h20 / 1h21... Mais dès les premiers kilomètres, je fus le premier surpris par mon allure ! Sans réellement forcer je me retrouve à 3'35" au kilo ! Je passe au 5k en 18'04" (probablement mon record ?).
L'allure se calme un peu avec les petites côtes et faux-plats qui nous conduisent au bois de Vincennes, mais malgré tout, je ne perds pas grande chose... et passe au 10k en 36'31"... ce qui explose mon record perso du 10k (le précédent 36'59" réalisé en 2020 lors de mon record sur semi) !
Je me dis que je vais payer cher sur la fin, d'autant qu'elle n'est pas des plus simple, avec un enchainement de petites côtes et de tunnels sur les derniers km.
Mais ça tient bon !! je suis toujours dans un excellent timing au 15ème. Ensuite je laisserai quelques plumes... la fatigue des derniers jours se faisant ressentir progressivement... Néanmoins, il m'en reste suffisamment sous la pédale pour conserver jusqu'au bout une petite marge sur mon record (1h18'36")... pour terminer dans un inattendu temps de 1h18'09" !!.. Nouveau Record perso !!!
Au vu de ce que j'ai traversé durant les mois précédents et dans les derniers jours avant la course, je n'en reviens pas moi-même !
Mais comment ai-je bien pu réaliser un tel chrono dans ces conditions ?
- fraîcheur musculaire versus fatigue générale
- absence totale de pression versus moral à 0
Autant de paramètres contradictoires qui donnent un petit côté étrange et mystérieux à cette performance. Pourquoi je réussis aujourd'hui sans efforts ce que je ne suis pas parvenu à réaliser auparavant au prix de beaucoup de travail ?
Acte II : Le marathon de Paris
Les résultats du Semi auraient pu être de nature à nourrir mes ambitions pour ce marathon... mais il n'en fût guère le cas, et si l'idée de battre mon record n'était pas totalement absente, elle était cachée bien loin derrière mes autres préoccupations actuelles !
Ce n'est donc guère plus motivé et qui plus est refroidi par les prévisions météos, que je passais en coup de vent au salon du Running pour prendre mon dossard... et me sauver aussi vite !!
Dimanche matin, j'ai dû me faire violence pour me lever et aller affronter les températures glaciales pendant toute une matinée.
Le marathon est une épreuve tellement compliquée, que je n'osais faire aucun pronostic. Mon manque de foncier me ferait forcément défaut au pire moment (aux alentours du 30èm km) et la fin serait compliquée...
Je décide néanmoins d'appliquer une stratégie à la fois sage et ambitieuse... et on verra bien jusqu'où ça tiendra !
Je règle mon allure sur 3'45"-50" au km, avec pour consigne de ne jamais me mettre dans le rouge. Je laisse dérouler, et tout au plus je mettrais un petit coup de boost si je sors de l'allure.
Je fais tout mon possible pour ne pas puiser dans les réserves. Comme sur tout marathon, il y a des hauts et des bas, j'essaie d'absorber les bas sans forcer et déroule un peu plus dans les moments forts... c'est ainsi que sans m'en rendre compte je passe au semi en 1h19'02".... soit ma 3ème meilleure perf sur la distance.
Je me dis alors que la suite sera moins rose... Mais jusqu'au 25ème ça tient toujours bon !
Les difficultés apparaitrons, comme toujours après le passage sous le tunnel des Tuileries. L'enchainement des tunnels ne manque pas de me casser les pattes et de m'user.
Je commence alors à ressentir toute la fatigue et le manque d'entrainement des derniers mois. Mais je ne panique pas, je prends les choses comme elles viennent. Et même si la souffrance physique pointe le bout de son nez, si l'allure se ralenti de plus en plus, je me sens plutôt bien mentalement et encaisse le coup sans trop de mal.
Je ne penses pas encore au record, d'ailleurs je n'y ai jamais pensé depuis le début de cette course. Je m'efforce simplement de tenir bon du mieux que je peux.
La côte du 34ème km mettra un gros coup de frein, et à partir de ce moment là je laisserai beaucoup de plumes, surtout sur les 3 derniers km durant lesquels je perdrais une bonne minute !
Mais qu'importe, car je commence à entrevoir l'inimaginable... ce record auquel je n'aurai pas osé songer ce matin est à portée de main !!
Qu'ils seront longs les 3 derniers km, mes yeux rivés sur mon allure, calculant la marge que j'ai par rapport à ce fameux record, mais je serre les dents, et malgré le début de crampes dans les cuisses, j'assure le minimum pour rejoindre l'arrivée en 2h43'15"... soit un nouveau record perso, quasiment 30" plus rapide qu'au mois d'octobre !
Au vu de ma condition physique et psychique, je n'aurai jamais imaginé une telle chose possible, persuadé que j'étais, d'un effondrement programmé sur la fin de parcours... et pourtant je réalise ce nouvel exploit !
Conclusions
Le marathon est avant tout pour moi un test de forme avant d'aborder la saison de trail. J'étais convaincu de ma méforme et d'un gros retard de préparation, mais me voilà plus que rassuré. Malgré toutes mes péripéties, je ne suis pas très loin de mon niveau de forme de l'automne dernier... Reste à peaufiner la prépa en montagne pour arriver au top pour les championnats !
Là aussi cette performance garde une part de mystère. Si je suis convaincu que l'absence d'enjeu, de pression est un facteur plus que favorable. Si la fraîcheur musculaire est également un facteur positif, tous les autres voyants étaient plutôt dans le rouge !
Alors je pense qu'il faut relativiser, car peut-être que dans d'autres conditions j'aurais pu faire beaucoup mieux.... ou à l'inverse pire ? Mais cela l'histoire ne le dira jamais !!
Lien vers la vidéo de mon interview avec Mr Patrick Montel :
https://www.facebook.com/patrick.montel.officiel/videos/1090158921879755
Bravo !! Toutes mes félicitations !!
Merci beaucoup à toi 😉