Samedi 31 mai 2014 – Marsannay la Côte
5ème manche du TTN long 2014
Après mes (relatives) contre-performances de début de saison, ce trail des hautes côtes était ma dernière chance de me relancer au classement du TTN 2014. Le résultat de cette course serait donc déterminant pour la suite que je donnerai à ma saison pour la rentrée de septembre.
C’est donc avec une forte motivation et l’envie de me battre que je suis parti à Marsannay, en périphérie de Dijon, pour en découdre ce samedi. Malgré les enjeux de cette course, c’est totalement détendu et sans stress que j’aborde cette épreuve de la côte d’or. Il faut dire qu’après une semaine sans quasiment courir suite à mes problèmes de dos du week-end précédent (et mon forfait pour la course prévue), c’est un peu une plongée dans l’inconnu, le dos tiendra t-il ou coincera t-il ?
De cette course je retiendrai principalement des paysages magnifiques et vallonnés, un parcours très exigeant et très varié avec une juste dose de technicité et de difficultés. Bref, un parcours -presque- parfait ! Pour ce qui est du reste… c’est une autre histoire que je me propose de vous raconter maintenant.
Le récit de mon trail des hautes côtes :
Il est 9h en ce samedi matin sur la place du village de Marsannay-la-côte, et sous un soleil radieux, mais pas trop chaud, que nous nous préparons à nous élancer pour ce trail de 45km (enfin ça c’est la théorie). Sur la ligne de départ, je rencontre Fabien Chartoire, nous échangeons quelques mots et encouragements mutuels.
Le départ est donné et très vite un petit groupe de 5 coureurs se détache de quelques mètres, on y retrouve Fabien Chartoire, Emmanuel Gault et Emmanuel David… que du beau monde ! A ma grande surprise, je me retrouve juste derrière, soit en 6ème position. Je n’ai pas l’impression de forcer plus que cela et pourtant, je parviens à rester dans le sillage du groupe de tête jusqu’au 1er km. Je boucle ce premier km en 4’47, ce qui peut paraître ‘lent’ mais nous sommes entrés directement dans le vif du sujet et avons déjà avalé près de 60m de D+… tout est donc relatif !
Au 1er km, signe prémonitoire ou pas, les premiers marquent un temps d’arrêt, d’hésitation : à droite ou à gauche ? pas de signaleur, pas de balisage…. Emmanuel David, vainqueur l’an passé, remet tout le monde sur le droit chemin. Je me dis alors qu’il va falloir être très vigilant tout au long du parcours pour éviter de s’égarer !
Un petit groupe de coureurs me rattrape, logiquement, et je stabilise ma position aux alentours de la 12ème place, ce qui est déjà énorme pour moi qui espérait tout juste viser une 20ème place finale ! Cela monte toujours, mais de manière assez régulière ce qui me permet de garder un rythme important, sans pour autant me mettre dans le rouge.
Au 6ème km nous abordons une partie plus raide et un peu moins roulante, le genre de pente qui naturellement ne m’est pas très favorable ! Et effectivement je peine, d’autant plus que ce que je craignais arriva. Mon dos commence à coincer et à chauffer fortement, je commence alors à avoir de sérieux doutes pour la suite de la course, mais sans me déconcentrer je reste dans ma bulle et poursuis mon effort, à mon rythme. Logiquement, je me fais rattraper par quelques coureurs, parmi eux, Laurence Klein, que je croiserai régulièrement pendant une bonne partie de la course ! J’ai perdu une dizaine de places dans l’affaire et me retrouve alors aux alentours de la 22ème place.
Une fois cette difficulté passée, malgré mon dos qui fait des siennes, je relance tranquillement sur le replat, ce qui me permet de revenir sur Laurence et quelques autres coureurs. Mon dos est encore sensible, mais ce petit moment de répit le soulage beaucoup.
Le repos est de courte durée et nous reprenons l’ascension, la pente est moins raide que précédemment et mon dos me fait moins souffrir, ce qui me permet de garder un rythme correct, même si je me fais reprendre à nouveau par Laurence et les autres, mais je m’accroche à ma 22ème place !
La pente se fait de plus en plus douce et nous atteignons le ‘sommet’ du Mont Afrique… tout un programme ! Mes douleurs au dos sont maintenant derrière moi et je peux reprendre ma course normalement. Je profite des portions descendantes pour reprendre un par un tous mes adversaires. J’arrive au ravitaillement du 10ème km aux environ de la 18ème place. Juste quelques secondes pour remplir ma gourde et c’est reparti.
Je boucle la première heure de course à 12 km/h de moyenne, ce qui au vu des 400m de d+ déjà avalé est énorme pour moi !
La descente du Mont Afrique se fait tambour battant, à plus de 15 km/h, pendant 5 km. Je rattrape encore quelques concurrents et au 15ème km, en bas de la descente, on m’annonce à la 15ème place ! Je me dis alors que j’ai un bon coup à jouer sur cette course, car je suis encore frais et me dis que je dois pouvoir résister dans le top 20 jusqu’au bout !
La côte qui se profile à l’horizon du 16ème km est l’une des plus difficile du parcours (du moins c’est ce que je pensais à ce moment là) avec plus de 100m de d+ d’un seul coup ! Inévitablement, au vu de mes capacités de grimpeur, je me fais reprendre par 2 coureurs, malgré tout je ne m’en sors pas si mal, car je parviens néanmoins à rester devant Laurence Klein, qui grimpe bien mieux que moi ! Je gère cette côte en essayant de me préserver tout en évitant de perdre trop de temps.
Cela continue à monter, mais de façon beaucoup plus douce, ce qui me permet une nouvelle fois de recoller aux concurrents qui m’ont dépassé dans la partie la plus pentue de la côte. S’en suit un petit moment de répit avec une petite descente qui me permet de reprendre un rythme correct.
Le répit sera de courte durée avant d’aborder un nouveau gros morceau que je gère parfaitement, et même si sa recolle derrière moi, le chemin se faisant étroit, mes poursuivants se contentent de suivre, j’en profite alors pour temporiser un peu, histoire de reprendre des forces pour la suite.
Au bout de 2 heures de course, je suis toujours sur un rythme moyen de 12km/h, avec maintenant un cumul de D+ supérieur à 800 mètres ! Même si les chemins ne sont pas très technique jusqu’à présent, c’est une grosse cadence !
Nous abordons maintenant une partie plus technique avec un chemin sinueux et de plus en plus de rocailles qui nécessitent la plus grande vigilance. Le rythme s’en ressent un peu, mais je garde le cap, concentré sur chacun de mes pas. Puis au 25ème kilomètre nous attaquons une très grosse descente, droit dans la pente. Je rebondis d’arbre en arbre, me rattrapant à chacune des branches à ma portée. Ce passage est vraiment très délicat, heureusement que le temps est sec ! Je n’imagine pas la même chose par temps humide… ça serait du pur carnage ! Deux ou trois coureurs me rattrapent dans cette portion qui ne m’est pas vraiment favorable, mais ce n’est pas grave, je les rattraperai après !
Nous en sommes alors au 26ème km et je suis surpris de ne pas croiser le ravitaillement qui était prévu à cette distance, je prends mon mal en patience et me dis qu’il ne doit plus être très loin. Néanmoins les premiers doutes commencent à voir le jour. Les kilomètres et une grosse montée passent et toujours pas de ravitaillement en vue, j’ai encore quelques réserves alors je ne m’en soucis pas trop malgré tout.
Ce n’est finalement qu’au 30ème kilomètre qu’apparaît enfin le fameux ravitaillement. Me voila un peu rassuré, quoi que légèrement intrigué. Je fais le plein de liquide rapidement et reprend ma course en avant. Je suis toujours, d’après mes calculs, entre la 15ème et la 17ème place. La fatigue commence à se faire sentir, et je ne suis plus aussi à l’aise qu’en début de course, les côtes se font plus pénibles et la relance plus difficile.
Malgré tout je rattrape un concurrent, puis un autre, et encore un autre…. si dans un premier temps cela me booste et me redonne un peu de courage, les interrogations sont de plus en plus grandes : mais d’où viennent ces coureurs que je suis en train de rattraper ? je n’ai pas mémoire de les avoir vu me dépasser en début de course !
Encore une grosse montée que je parviens à gérer tant bien que mal, même si les jambes se font de plus en plus lourdes. Néanmoins, je suis encore dans le bon tempo et devrait pouvoir accrocher un bon chrono à l’arrivée, d’autant que la descente suivante me permet de reprendre un peu de souffle et de vitesse.
J’arrive alors au 35ème km, là ou devrait se situer le dernier point ravito, mais bien sûr, j’en suis encore loin, nous rejoignons alors les coureurs du 29km dans ce qui sera la portion la plus difficile et technique du parcours.
Désormais, les côtes raides se succèdent, il faut parfois y mettre les mains, progresser pratiquement à quatre pattes pour ne pas repartir en arrière. Ces ascensions me font de plus en plus mal aux jambes, les muscles tétanisent et je n’avance quasiment plus ! Quelques minutes plus tard, j’aurai la confirmation de mes craintes : un coureur que j’ai croisé plusieurs fois m’indique que nous avons fait quelques kilomètres de plus que prévu !
En réalité, après quelques vérifications, cela serait plutôt l’inverse, un certain nombre de coureurs, dont le nombre est indéterminé, se seraient trompés de chemin, probablement vers le km 18, et auraient ainsi bénéficié d’un raccourci d’environ 4 kms ! Ont-ils suivi un autre parcours, comment autant de coureurs ont pu ainsi se tromper ? Cela restera probablement un mystère non élucidé !
Même si je l’avais déjà compris, cette confirmation arrive comme un coup de massue, à un moment qui n’était déjà pas facile pour moi. D’après ce coureur nous serions relégués aux alentours de la trentième position ! Finis mes espoirs de briller sur cette course, finis mes rêves de top20, fini mes chances au classement du TTN.
Je passe alors un moment très difficile, je ne sais plus réellement combien de kilomètres il me reste à parcourir, ni comment je vais faire. Mes forces m’abandonnent. Dans la côte suivante, je vois, impuissant, Laurence Klein me déposer, sur place… dans la suivante ce sera au tour de Sylvaine Cussot d’en faire autant.
Nous abordons alors une descente dangereuse sécurisée par des cordes, mais il y a environ 30 personnes qui font la queue pour descendre, tout doucement. La plupart de ces coureurs font partie du milieu de peloton du 29km. Cela créé un énorme bouchon ! Malgré la fatigue et la désillusion d’avoir déjà tout perdu, énervé par cette situation qui me met dans une colère noire, je range mon cerveau dans le sac et décide de me lancer tout droit dans la descente, sans avoir recours aux cordes. Je glisse, dérape, m’accroche à tout ce que je peux, branches racines… je fais quelques figures de style, et, au prix d’un énorme effort et d’une prise de risque insensée, j’avale en quelques instants ce troupeau de coureurs pour faire sauter le bouchon.
Je suis vraiment remonté, je trouve totalement inadmissible un tel regroupement, qui plus est sur la partie la plus technique du parcours. A quoi pensent les organisateurs lorsqu’ils planifient les horaires des courses ? Non content d’un balisage qui semble-t-il était des plus aléatoires, voilà que l’on se retrouve bloqués derrière une autre course !
Ma fin de course est un véritable calvaire, dès que le chemin s’élève un temps soit peu, j’ai les jambes qui ne répondent plus, je me déplace au ralenti. Dans les dernières côtes, je peine à avancer, je titube et j’ai parfois plus l’impression de reculer que d’avancer. Malgré tout je m’accroche tant bien que mal, non plus pour faire un résultat, mais pour en finir au plus vite avec ce cauchemar !
Il ne reste plus que 3 kilomètres, tout doucement j’ai repris mes esprits, le chemin est moins difficile désormais et je parviens à reprendre un peu de rythme. Je remonte quelques concurrents, sans savoir s’ils sont sur ma course ou sur l’autre.
A l’abord de la dernière difficulté, je me fais force, et parviens non sans mal à me hisser au sommet sans trop ralentir. J’en vois désormais le bout. Question d’orgueil, mais pas question de perdre encore des places, je lance mes dernières force dans la descente, d’abord dans les bois puis ensuite dans les vignes. J’aperçois au loin Dominique Tuel, je suis une bonne centaine de mètres derrière lui.
Au bénéfice de cette dernière descente, tout doucement, sans réellement y croire ni chercher à le rattraper, je reviens progressivement sur lui. J’ai accéléré surtout pour éviter de me faire rattraper par l’arrière et au moment d’entrer dans le village de Marsannay, j’ai encore une bonne cinquantaine de mètres de retard.
Plus que 300 mètres : un dernier virage et une ligne droite d’environ 150 mètres. J’hésite, tergiverse quelques secondes, Dominique est encore 30-40 mètres devant moi : j’y vais ou j’y vais pas ? Telle est la question. Puis soudain, débranchant le cerveau, je me dis que de toutes façons je n’ai rien à perdre, alors je me lance dans un sprint effréné, au niveau du virage je suis déjà sur lui. Pendant une fraction de seconde j’hésite encore, si je veux poursuivre mon effort, je vais devoir lui faire l’extérieur, m’exposant ainsi à un éventuel contre. Mais tant pis, je fonce, le déborde par l’extérieur du virage. Notre différence de vitesse est telle, qu’il ne peut réagir.
Je poursuis mon effort jusqu’à la ligne d’arrivée, que je franchis donc finalement en 26ème position ! Globalement ce résultat n’est pas si mauvais que cela, mais au vu de ma première partie de course quasiment exceptionnelle, je ne peux qu’être légèrement déçu du verdict final.
Même si je suis conscient des difficultés que représente l’organisation d’une course telle que celle là, je ne peux m’empêcher d’avoir un esprit critique vis à vis des organisateurs. Ce qui pourrait être pardonné pour une course à rayonnement local devient vite impardonnable pour une épreuve qui prétend faire parti du circuit national du TTN. Les points à revoir sont principalement :
– Le balisage : trop aléatoire, comment expliquer que certains coureurs aient pu, sans s’en rendre compte, faire une dizaine de kms hors parcours et au final faire probablement 4 kms de moins que les autres ? Comment ce fait-il aussi que les pointages manuels réalisés le long du parcours n’aient pas permis de rétablir le classement dans le bon sens ?
– Les horaires des courses annexes : en choisissant des horaires plus adaptés, les bouchons rencontrés dans la partie la plus technique du parcours auraient pu, dus, être évités !