Championnat de France Trail long – trail Edelweiss 06 octobre 2013
La ville de Gap accueillait ce week-end les premiers championnats de France de Trail dans le format course d’un jour. Toutes les conditions étaient réunies pour que le spectacle soit magnifique : un plateau élite très complet (ou presque), un terrain de jeu grandiose, et des conditions météo qui, à l’inverse des prévisions, étaient idéales.
Pour une première nationale, les organisateurs nous ont gratifié d’un parcours magnifique et d’une grande difficulté, tant par le dénivelé à avaler que par la technicité des chemins empruntés, laissant la part belle aux montagnards.
La course Elite :
Chez les hommes ce trail Edelweiss aura tenu toutes ses promesses avec une bagarre de tous les instants en tête de course avec de nombreux rebondissements. Rapidement 2 hommes prennent le large en la personne de Michel Lanne et Julien Navarro, suivi à distance respectable par un petit groupe comprenant Fabien Antolinos, Sébastien Spehler et Sylvain Court. Dans la montée du Pic de Gleize, Navarro perdra prise alors que Fabien Antolinos revient sur Michel Lanne. Mais c’était sans compter sur la détermination de Sébastien Spehler qui, au prix d’une descente incroyable, reviendra sur les deux hommes de tête avant de les coiffer au poteau. C’est donc bien Sébastien Spehler qui devient champion de France avec un chrono extraordinaire de 5h17′ il devance de peu Fabien Antolinos et Michel Lanne. Sylvain Court prenant finalement la 4ème place.
La course féminine fût plus limpide avec Stéphanie Duc qui prend rapidement les commandes de la course en compagnie de Christel Dewalle, derrière personne ne parvient à les suivre. Débarrassée de Christel, Stéphanie Duc filera tranquillement vers la victoire devant Caroline Chaverot et Maud Combarieu qui complète le podium.
Récit de ma course :
Parti en repérage la veille au pic de Gleize, j’avais eu un petit aperçu des difficultés qui allaient m’attendre, mais j’étais encore bien loin du compte ! Et pour moi qui n’ai pas la chance de pratiquer régulièrement la montagne j’allais être servi, et ceci dès le début !!
A 6H30 précise le départ est donné du centre ville de Gap pour ce Championnat de France de Trail, et dès les premiers mètres la route commence à s’élever fortement. D’entrée je dois gérer mon effort, les muscles déjà asphyxiés par la pente. Parti léger et donc sans frontale, j’allais vite regretter mon choix, la nuit est encore bien présente et dès la sortie de la ville j’avance un peu à tâtons, cherchant mon chemin et profitant de la lumière des autres coureurs. Je fais très attention et avance prudemment pour ne pas chuter. Ce départ prudent me permet de ne pas trop puiser dans les réserves.
Le chemin ne fait que monter, inlassablement, si pour le moment il n’est pas très technique j’en suis néanmoins réduit à marcher la plupart du temps. Vers le 6ème km un petit replat me permet de petit à petit reprendre un rythme de course normal, le jour se lève et il devient plus facile d’accélérer.
Ce replat sera de courte durée car peu après le 9ème km nous abordons la première grosse difficulté de la journée : l’ascension du pic de Charance, environ 2 km très raides. Si le début fais bien mal au jambes, plus nous montons et plus le chemin devient technique, m’obligeant souvent à grimper de roche en roche en prenant appuis sur les mains. L’accès au sommet est impressionnant et vertigineux ! Je manque plusieurs fois de basculer et suis obligé d’être très vigilant.
Une fois au sommet du Pic de Charance, le chemin longe la ligne de crête, si les habitués l’avalent à toute allure, sautant de rocher en rocher tels des cabris, il n’en est rien pour moi, presque tétanisé par la vue du vide des 2 côtés de ce chemin étroit, j’avance au ralenti, et suis souvent obligé d’assurer mes pas en posant la main sur les rochers. Heureusement, le temps est très clément, je n’ose imaginer ce que cela aurait été par temps pluvieux…
Petit à petit le chemin devient un peu plus roulant et je reprend un peu de confiance pour pouvoir reprendre un rythme un peu plus normal, du moins dans les descentes et sur le plat, car les montées sont encore rudes, et il est important de se préserver, nous n’en sommes qu’au tout début de la course.
S’ensuit une descente plus calme et reposante, suivie d’un faux plat montant nous emmenant vers le col de Gleize. Ayant récupéré de mes efforts et de mes émotions je reprends du poil de la bête et aborde la partie la plus tranquille de l’épreuve, 6 kilomètres plus ou moins en descente et ne présentant aucune difficulté technique, c’est reposant, et j’en profite pour reprendre quelques places en rattrapant deci-delà quelques coureurs.
A Rabou, le chemin reprend de l’altitude, sur un chemin ne présentant néanmoins pas trop de difficultés, la montée se passe bien, sans trop de souffrances. Encore quelques kilomètres tranquilles avant que le chemin ne suive le Petit Buech, un torrent de montagne d’apparence fort sympathique. Les choses se corsent un peu, le chemin devient très difficile et nous progressons à flan de falaise, pas question de faire un faux pas, la chute en serait fatale. C’est donc avec beaucoup de précautions que j’avance, à vitesse modérée. La suite nous propose des passages étroits, boueux, avec des trous à sauter, des bosses à gravir et pour corser l’affaire plusieurs passages à gué du torrent. A chacun de ces passages il convient de faire très attention, les rochers sont très glissants, l’eau profonde et bien fraîche !!
Nous nous éloignons ensuite du torrent par une côte bien prononcée mais pas trop sévère pour atteindre, enfin le 40ème kilomètre. Un moment de répis nous est offert pendant environ 3 kilomètre sur un chemin relativement plat, mais étroit et à flan de montagne où il faut garder une vigilance de chaque instant. La moindre erreur pourrait entraîner une chute de plusieurs mètres. D’un pas pas très assuré, je progresse dans un rythme assez lent mais néanmoins correct.
Vers le km 43 nous abordons la montée au Pic de Gleize, il n’y a pas de chemin et c’est droit dans la pente que nous entamons, au ralenti, cette terrible montée. Les jambes souffrent, le souffle est cours et il est important de gérer son effort, qui va durer plus d’une demi-heure en continu. Si la première partie ne présente pas de difficulté, la fin de l’ascension est plus costaud, il est nécessaire de s’aider des mains pour avancer, avant de rejoindre un passage escarpé ou il faut se tenir à une corde. Ma progression est très lente, déjà bien fatigué je fais très attention. Pointé 165ème au bas de la côte, j’ai dû perdre une petite dizaine de places dans la montée !.
Enfin j’aborde la toute dernière portion montante qui m’emmène vers le sommet du Pic de Gleize, plus que quelques mètres et ça y est !! Pas le temps de profiter de la vue magnifique qu’il faut longer la crête sur un chemin très technique et périlleux, je m’aide des mains et même parfois des fesses… et perds encore quelques places. Encore quelques centaines de mètres avant de retrouver un chemin plus praticable.
Il ne reste alors qu’une grosse dizaine de kilomètres vers l’arrivée, tout en descente ou presque. Cette descente est, au regard du reste, beaucoup plus facile et je parviens à prendre un bon rythme, qui me permet de rattraper petit à petit les concurrents qui me précèdent. Un passage éclair au ravitaillement du col de Gleize et en route vers l’arrivée.
Du fait des modifications du parcours, je ne sais exactement combien de kilomètres il me reste à parcourir, mais je continue sur ma lancée, les jambes répondent bien et si je faiblis un peu dès que la route s’élève, en revanche tout va bien en descente. Avant d’atteindre la ville de Gap, je rattrape encore quelques concurrents.
J’aperçois le panneau 1 km : personne devant, personne derrière, je vais pouvoir savourer ce dernier kilomètre avant l’arrivée derrière le gymnase, et sur le tapis rouge !!
J’en termine en 8H02’22” à la 154ème place au général. Même si j’aurai aimé faire mieux (je visais aux alentour de 7H) je suis pleinement content d’en être arrivé à bout… en entier et finalement plus ou moins au niveau qui est le mien. Certes je paye sans doute l’enchaînement de mes nombreuses courses de l’année, mais je suis ravi d’avoir participé à ce premier championnat de France.
Moi qui n’avait que la 6000D comme référence en course de montagne, je mesure l’ampleur de ce que cela peut représenter et suis impressionné par la difficulté et la beauté du parcours, ainsi que par les performances des spécialistes de la montagne !! Nul doute qu’un stage en montagne s’imposera l’année prochaine si je souhaite participer à de telles épreuves.
Je remercie aussi le ciel d’avoir été des plus cléments, je ne me serais pas imaginé accomplir cela sous la pluie, je ne suis pas certains que j’aurais pu y parvenir.