Le p’tiot sparnatrail, dernière manche du TTN 2012
L’année dernière j’avais découvert ce trail presque par hasard, ainsi que le Trail Tour National, cherchant à faire un peu de dénivelé en vue de la Saintélyon. Le temps était frais et brumeux, mais le terrain était moins détrempé qu’aujourd’hui. Parti sans réel objectif, j’avais été agréablement surpris par un excellent résultat : 21ème, à seulement 1’30” du podium vétéran!
C’est donc avec une grande motivation et de grands espoirs que je me suis rendu ce week-end à Epernay pour disputer cette ultime manche du TTN 2012.
Aujourd’hui, le temps était des plus clément, pas de pluie, pas de brouillard, pas de vent et une température agréable. Cependant, c’était sans compter sur les abondantes pluies des jours précédents, qui rendirent notre terrain de jeu très très gras. Dès lors la course sera bien plus difficile que prévu.
A 7h30, nous prenons le départ fictif depuis le hall des sports d’Epernay pour nous rendre tranquillement et en s’échauffant vers la ligne de départ réelle. Une petite balade au travers des rues de la ville, très sympathique qui nous emmène vers l’avenue de Champagne ou sera donné le départ réel, en face de la très prestigieuse maison Möet & Chandon !! rien que cela !!
7H45 : Le départ réel est donné, nous attaquons le parcours par une petite bosse sur les pavés de l’avenue de Champagne. Comme à mon habitude, je pars un peu vite et me positionne derrière le groupe de tête. Hormis la petite bosse du départ, les 7 premiers kilomètres sont totalement plats, c’est l’occasion de prendre un peu d’avance sur le chrono.
Dès que nous rejoignons les bords de Marne, le terrain devient très gras, et il est difficile de tenir la cadence. Je me rends rapidement compte qu’il me sera difficile de réitérer la performance de l’année dernière. Le terrain est lourd et je ressens déjà quelques signes de faiblesse. Je ne m’en inquiètes pas plus que cela car ces derniers temps je suis habitué à une mise en jambes assez difficile. Je me fait dépasser par quelques concurrents mais également par les 3 premières féminines qui sont parties sur un rythme infernal !!
Au km 7 nous quittons les bords de Marne pour nous diriger vers les premiers coteaux, le chemin va commencer à s’élever sérieusement, pour aborder la première grosse difficulté de la journée, ça y est, la course commence vraiment. Je décide de monter tranquillement pour ne pas brûler toutes mes cartouches et mes jambes me confirment qu’il n’est pas temps de passer à l’attaque. Je rattrape un ou deux concurrents partis trop vite, mais moi aussi perds quelques places. La course est encore longue, il n’est pas temps de s’en inquiéter.
La montée est longue et grasse, entrecoupée de quelques passages de replats voir même de légère descente, l’occasion de reprendre son souffle et de relancer la machine.
Km 10,8 Nous arrivons en lisière de forêt, ce point marque le sommet de cette première grosse montée. Nous allons pouvoir souffler un peu et reprendre un rythme de course plus élevé. En temps normal cette descente ne pose pas trop de soucis, mais les conditions d’adhérence la rend un peu plus technique que prévu. il va donc falloir être prudent pour éviter la gamelle !!
Au km 12, les organisateurs nous improvisent un petit passage dans les bois fort sympathique, mais apparemment un certain nombre de concurrents devant moi ont dû rater un point de balisage et s’écarter de la bonne piste, car au moment où j’entre dans la forêt je vois un commissaire remonter en courant et nous appeler pour nous diriger dans la bonne direction. Incident sans conséquences pour moi puisque je me suis engagé sur le bon chemin.
Nous continuons en lisière de forêt pour aborder une nouvelle côte, moins longue et moins difficile que la précédente, mais qui malgré tout fait un peu mal aux jambes. Puis nous repartons vers ce qui est la descente la plus abrupte de la course, l’adhérence est précaire, la boue colle sous les chaussures ce qui entraîne quelques glissades impromptues. Malgré tout, même si les sensations ne sont pas formidables, ce changement de rythme me remet un peu sur les rails et je me dis que le plus dur est peut-être passé et que je vais pouvoir envisager une fin de course meilleure.
A la fin de cette descente, nous entrons dans le village de Damery, point le plus éloigné de notre périple. 2-3 km de plat sur la route, histoire de se remettre tranquillement de la première partie de notre aventure, avant d’attaquer la seconde moitié. C’est également le lieu du seul et unique ravitaillement de la course. Etant parti en autonomie complète, je trace ma route et ne prends même pas le temps de prendre un verre d’eau, l’occasion de reprendre pas moins de 6 coureurs qui étaient en train de se restaurer !!
Nous traversons ensuite la Marne, puis la voie ferrée et la nationale 3… celle là même qui passe à côté de chez moi !! avant d’attaquer ce qui, cette année, sera la plus grosse difficulté de la journée : pas moins de 170m de D+ à avaler en à peine deux petits kilomètres !!! Les jambes et le moteur ne répondent plus, l’adhérence est précaire et je monte au rythme d’une tortue au galop. Je paie sans doute mon programme d’entrainement de ces dernières semaines, mon pic de forme doit s’être envolé !! Le mental n’y est plus et je songe déjà aux aménagements que je vais devoir apporter à mon programme d’entrainement afin de retrouver un peu de fraîcheur en vue de la Saintélyon !!
Au même moment, je me fais déposer par un petit groupe de concurrents… où se trouvent les deux premières féminines, celles là même qui m’avaient doublé dès le départ. Cela confirme ce que je pensais, il y en a quelques uns qui se sont égarés à ce fameux kilomètre 12 !! combien, impossible à évaluer, toujours est-il que je me fais remonter maintenant par plein de monde, je n’ai plus aucune idée d’où je me situe dans la course 30 ? 40 ou pire… je n’en sais rien !!
Enfin, cette “montagne” est avalée, le chemin devrait être plat pendant 2 bons kilomètres, mais s’il est effectivement plat, il est très boueux, il s’avère impossible d’éviter les bains de pieds !! malgré tout, je reprends un peu de poil de la bête et reprends quelques positions.
J’arrive alors dans une portion descendante dans la forêt, je suis un peu étonné car il me semblait que la partie plate devait durer plus longtemps, je ne suis plus en état de trop réfléchir et me contente de suivre tous ceux qui sont devant moi, sans remarque qu’il n’y a plus de balisage. Au croisement de la D22, point de commissaires, point de flêchage : faut-il remonter la route, la redescendre ? tout cela me paraît bizarre et je pose la question à une gentille dame en voiture avec un plan de la course à la main. A priori on s’est tous planté et il nous faut remonter par la route pour rejoindre le bon tracé… L’occasion donc de parcourir quelques centaines de mètres en plus, mais surtout de se prendre, gratuitement et juste pour le plaisir, 45m de D+ en plus !!! J’avais vraiment besoin de cela, alors que petit à petit le moral revenait un peu… s’en est trop !! et ma motivation en prends encore un coup !!
Il nous reste alors moins d’une dizaine de kilomètres à parcourir après une descente rapide mais rendue elle aussi piègeuse par la boue, nous voilà reparti à flan de coteaux, entre les vignes. Il reste encore deux bonnes côtes à avaler. Si je parviens à maintenir un rythme correct dans les descentes, tout en restant prudent, j’ai de plus en plus de mal dans les parties montantes, je me fais violence pour ne pas marcher, et je me dis qu’au moins ça me servira d’entrainement, car si je ne marches pas, je n’en vais pas bien vite pour autant !!
Cette fin de parcours est vraiment difficile, je relance dans les descentes mais ne prend aucun risques, à quoi bon ? je me dis que je suis dans les méandres du classement. Puis nous arrivons à un virage qui a marqué ma mémoire, celui où je me suis copieusement gamellé l’année dernière, atterrissant pour le coup dans les vignes ( ce qui probablement m’aura coûté le podium….). Cela ne manque pas, ce virage est très vicieux, j’aperçois deux concurrents devant moi qui partent à la faute à cet endroit précis. Ne voulant les imiter, j’y vais très tranquillement, de toute façon je n’ai plus rien à jouer.
Me reste une dernière petite portion montante avant d’aborder la grande descente libératrice, celle qui va, enfin me conduire vers l’arrivée !! l’occasion de pousser un peu la mécanique et de tenter une accélération qui me permettra de rattraper deux concurrents qui venaient de me doubler. J’essaies tant bien que mal de sauver l’honneur !!
Il ne reste plus qu’un kilomètre et nous allons faire notre entrée dans Epernay, et c’est là que de la gauche arrivent quelques dizaines de mètres devant moi, 3 concurrents, dont la 3ème féminine que j’avais dépassé peu avant le ravitaillement, venus de nul part !! Contrairement à moi et d’autres coureurs, ils sont parvenus à trouver un raccourci !! ils ont dû rater un embranchement 1 kilomètre plus haut et du même coup s’économiser au moins 400-500 mètres… Je tente bien de relancer pour les rattraper, mais impossible d’aller plus vite, je boirais donc le calice jusqu’à la lie aujourd’hui…. et 3 places de plus, gratuites celles là !!
Dernier virage, plus que 200m avant l’arrivée au gymnase, un petit coup d’oeil en arrière pour constater qu’un coureur tente de me rattraper, dans un tout dernier souffle, j’allonge la foulée pour le maintenir à distance et lui ôter tout espoir de retour.
Ca y est, la ligne est franchie, j’en ai fini pour cette édition du sparnatrail qui ne m’aura pas trop sourit… j’ai un peu de mal à reprendre mon souffle, je suis vidé, partagé entre la déception, la colère et l’impuissance. Je me pose des questions existentielles et me demande pourquoi je fais tout cela, à quoi cela rime. Et dire que dans 3 semaines je vais devoir aller faire la Saintélyon !! Quelques instants l’envie de tout arrêter m’envahis, puis passer ce grand moment de solitude, Puis mon esprit d’analyse reprend le dessus, et j’essaies de tirer quelques enseignements de cette journée.
Plus que les erreurs de parcours, et le résultat, c’est la manière qui me pose soucis, à aucun moment je ne me suis senti dans le coup aujourd’hui, pas les jambes, pas le moteur, en souffrance pendant la majeure partie de la course… une sensation que je n’ai pas eue depuis quelques temps. A l’évidence, mon pic de forme est derrière moi, et je vais devoir aborder les 3 prochaines semaines d’une autre manière, sinon je risque fort de vivre un vrai calvaire à la Saintélyon !! Il va falloir tout miser sur la récupération… pas facile pour moi qui en veut toujours plus !!
Ma saison a été longue et bien remplie, il faut se rendre à l’évidence, j’ai besoin de me ressourcer un peu et de récupérer avant d’aborder la saison prochaine, qui elle aussi sera bien remplie !! J’ai hâte d’être au 3 décembre, pour pouvoir mettre la bête au repos !
Le temps de faire le tour de toutes ces questions, et le classement s’affiche : je finis 32ème en 2h40′ à 34 minutes du vainqueur et environ 8 du podium vétéran. Finalement cela me redonnes un peu de baume au coeur, car je m’imaginais beaucoup plus loin que cela, et même si je suis très loin de mon résultat de l’année dernière (21ème) je peux me dire que malgré tout j’ai fait une course honorable. On se console comme on peut….
Rendez-vous dans 3 semaines pour la Saintélyon, en espérant que la forme et le mental seront revenus d’ici là….