Trail de la côte d’Opale – dimanche 9 septembre 2012 à Wissant
Récit d’une belle aventure en terre du Nord.
Course de 62km entre terre et mer pour un peu plus de 1000m de D+
Samedi après-midi, départ vers le Nord pour 2h30 de route vers Wissant, par un temps exceptionnel en cette saison !! arrivée sur place vers 16h, le temps de faire un petit tour sur la plage, repérer un peu les lieux et de filer prendre le dossard. Une bonne chose de faite et du temps de gagné pour le lendemain matin. Encore un petit tour dans le centre du village avant de repartir vers Boulogne pour passer la nuit.
Dimanche matin, 6h30, le réveil sonne. Rien de pire que d’habitude c’est l’heure à laquelle je me réveille en semaine. Le temps de prendre un petit déjeuner rapide, faire les derniers réglages et préparer le sac à dos, boucler la valise et retour vers Wissant.
8H50 le temps est venu de se rendre sur la plage ou aura lieu le départ, il y a énormément de monde et c’est déjà compliqué d’accéder au lieu du départ. Une fois sur le sable, petite étude topographique pour trouver le meilleur emplacement possible pour s’élancer. Choix pas évident car la marée descendant laisse quelques grosses flaques qu’il serait sympa de pouvoir éviter pour ne pas partir avec déjà les pieds trempés.
Après quelques minutes d’hésitations, le choix est fait ça sera proche de la digue, mais pas trop non plus pour partir dans du sable le plus compact possible, et vu le monde qui vient me rejoindre de ce côté, rien de moins que monsieur Thierry Breuil et son collègue Romuald DePaepe, je pense que mon choix est plutôt bon.
9H, sous un soleil radieux et sans le moindre filet d’air, les organisateurs tentent de rameuter les troupes derrière le 4×4 qui doit matérialiser la ligne de départ, mais devant l’ampleur de la difficulté pour faire reculer tous les coureurs, le 4×4 finira par céder et avancera jusqu’à notre hauteur.
9h10, ça y est tout le monde est prêt aux ordres du starter ! Le départ est donné, et commence un véritable sprint de 300m environ pour atteindre la rampe d’accès au remblai, assez étroite et entourée d’eau, pas facile de se frayer un chemin pour éviter les bouchons et de trop se mouiller. Opération réussie, l’obstacle est franchi sans ralentissement ni éclaboussures.
Il faut maintenant reprendre un rythme plus adapté aux circonstances et ne pas s’emballer outre-mesure d’autant que sur cette première partie, commune à toutes les courses, il est facile de se laisser griser par la vitesse.
Sortie du village sous les clameurs de la foule venue en nombre pour nous encourager, puis direction l’intérieur des terres pour aborder dès le 3ème kilomètre la première difficulté du jour, le cardio flirt déjà avec le limiteur et je lâche un peu de lest au fur et à mesure que la pente deviens plus raide, les derniers mètres se feront en marchant, mais peu importe car la route est encore longue.
S’en suit alors une série d’enchaînement de montées et de descentes, plus ou moins raides mais néanmoins facilement gérables sans trop puiser dans les réserves, l’occasion pour apercevoir de temps à autre la mer…
Le paysage est de plus en plus magnifique et le temps nous offre une vue entièrement dégagée, vers le km 17, passage au sommet du mont Saint Hubert et là, difficile de garder sa concentration sur le parcours !! Une vue splendide sur la côte, la ville de Sangatte et au loin sur la droite, le port de Calais, et en face à quelques kilomètres à peine, les falaises de la côte anglaise, ainsi que les ferries qui entament leur bal ! Je me serais bien arrêté quelques minutes pour faire un reportage photo, mais pas le temps et mon regard retourne rapidement vers le chemin qui redescend maintenant, ça serait trop bête de risquer la blessure en regardant le paysage !!
Nous voilà revenu au niveau de la mer et il est temps de faire demi-tour pour revenir vers le Cap Blanc Nez qui se dresse fièrement devant nous !! 2 km de montée plutôt régulière durant laquelle je commence à reprendre quelques places, merci le travail en côte qui me permet de soutenir un rythme tout à fait correct. Là encore quelle vue magnifique au sommet du Cap !!
La descente par l’autre versant est un peu plus raide, mais se passe bien et voilà le cap du semi marathon franchi en 1h52, ce qui est tout à fait dans le plan de marche au vu du dénivelé, plus important dans cette première partie du parcours.
La suite s’avère un peu plus délicate, le retour vers Wissant se fait sur la plage, surface sur laquelle je n’ai pas trop (pas du tout) l’habitude d’évoluer, le rythme s’en ressent un peu et le cardio repart à la hausse. Du coup on essaie de temporiser un peu, même si ce n’est pas évident car il y a toujours plein de monde, puisque nous sommes toujours avec les concurrents du 31km
Il fait de plus en plus chaud et les réserves en eau s’épuisent, je suis parti avec le plein et n’ai pas jugé utile de remplir la poche à eau au premier ravito…Nous arrivons maintenant en vue de Wissant et ça se confirme, le camel est vide !! et le prochain ravito n’est que dans 6 km !! mais heureusement pour moi, la voiture est garée en bordure du parcours et je vais pouvoir refaire un petit plein pour tenir jusqu’au ravitaillement.
A la sortie de Wissant, passage derrière le lac avant de mettre le cap vers Raventhun. Et là au kilomètre 31, je croise Thierry Breuil qui vient d’abandonner sur blessure ainsi que 2 autres concurrents qui semblent mal en point, c’est le début de l’hécatombe et pour moi le début de la remontée dans le classement !
Les kilomètres défilent sans problèmes, le parcours à l’intérieur des terres ne présente pas de grandes difficultés, quelques côtes mais pas trop raides, ma remontée vers le haut du classement se poursuit et 3 places de mieux en rattrapant des concurrents dans les côtes, je me sens de mieux en mieux et le rythme, bien qu’en légère baisse, reste conforme au plan. C’est d’autant plus encourageant que je rattrape petit à petit les traileurs qui sont devant moi !
Ravitaillement au km34, juste le temps de s’asperger un peu et de remplir le camel et c’est reparti, l’occasion de reprendre une place supplémentaire !!
Les kilomètres défilent et nous voila au marathon en 3h56, tout est nickel et malgré la châleur tout va bien, ce qui malheureusement n’est pas le cas de tout le monde, peu après je croise 2 concurrents, une bouteille à la main et qui s’inquiètent de voir le prochain ravitaillement… encore bien loin !!
Les organisateurs ne doivent pas être habitués à de telles conditions de course, qui pourrait s’attendre d’avoir plein soleil et 30 degré début septembre… dans le Nord !! Car n’ayant prévu que 3 ravitaillements sur tout le long du parcours semble plus que juste dans ces conditions !!
Arrive maintenant les fameuses (et le mot est faible) dunes de la Slack. Je ne savait pas à quel point cela pouvait être compliqué de se frayer un chemin dans ce sable d’une mollesse infinie, et même si la pente n’est pas très sévère, progresser dans ce milieu devient extrêmement pénible, d’autant plus qu’elles semblent sans fin et que le chemin n’est absolument pas balisé (même s’il parait difficile de se tromper) l’angoisse et l’inquiétude commence à naître : personne devant, personne derrière, pas de balisage (pendant plus de 3 km) suis-je sur le bon chemin, me serais-je trompé quelque part ? Inquièt, j’interroge les rares passants pour savoir s’ils ont aperçu des coureurs, leur réponse me rassure, mais le doute ne peu s’empêcher de persister. Jusque là le balisage était parfait, même sur-abondant !! et là plus rien !!
Le soulagement viendra de l’arrière, car à force de mouliner et de stresser, le rythme n’y est plus et un coureur revient de l’arrière et me rejoins (ouf, je dois être sur la bonne route). Finalement on viendra à bout de cette dune, et traverserons la route qui nous ramènera vers la plage dans une grande solitude, pas de bénévole sur place, personne pour faire la circulation, il faut donc slalomer entre les voitures pour traverser !!
Le balisage est de nouveau présent, mais par moment il y a quand même quelques absences qui font renaître le doute !
Retour sur la plage dans les caillous, les chaussures se sont bien remplies dans les dunes et le temps est venu d’en vider le surplus, une petite pause pour faire le ménage et de voir filer mon compagnon d’échappée, je ne le rattraperai plus.
km45, traversée de la Slack, rien de bien difficile, au vu des vidéos des années précédentes, je m’attendais au pire, mais les organisateurs furent cléments avec nous et la traversée s’est résumée à quelques centimètres d’eau à peine, juste le temps de faire le plein d’eau et de sable dans les chaussures (à peine propres !!)
Tout doucement, le rythme reviens et on se dirige vers le dernier point de ravitaillement situé aux environs du km48. Je reviens même progressivement sur celui qui m’avait doublé précédemment. Au ravitaillement, plein d’eau pour le camel et petite douche improvisée, il faut impérativement refroidir le corps, la température est à son maximum et je ne suis pas loin de la surchauffe. A la sortie du ravitaillement, nouvelle pause nettoyage pour vider encore les chaussures, de quoi faire un joli pâté !!
Je trouve encore la force de reprendre un rythme proche des bases prévues, les dunes ont eu raison de mes prévisions chrono, mais il est encore possible de limiter la casse, reste moins de 15 km à tenir, et une bonne côte se profile à l’horizon, histoire de fatiguer un peu plus les organismes, avant la montée vers le Cap Gris Nez.
En temps normal cette montée ne présenterais pas de grandes difficultés, mais la chaleur, la déshydratation naissante, malgré tous mes efforts, en font un obstacle plus ardu que prévu. Le temps s’est arrêté, les kilomètres ne défilent plus et petit à petit je vois revenir sur moi quelques coureurs qui en ont encore un peu sous la pédale ! Mais je n’y peu rien, je suis au bord de la panne sèche, plus d’essence dans le moteur. A chaque occasion je quémande de l’eau aux touristes pour pouvoir m’asperger un peu.
La descente du Gis Nez est rapide mais la présence de nombreux touristes, ralenti un peu ma progression, s’entame alors le début d’un long calvaire, il ne reste plus que 6 ou 7 km mais ils seront les plus difficiles, je ne parviens plus à courir et ma progression se fait alors principalement en marche, certes rapide, mais en marche quand même. Le temps défile et les concurrents me rattrapent un à un.
Dernier calvaire, comme si cela n’avait pas été suffisant !! Petit détour par une dernière dune, certes quasiment plate, mais au combien difficile, je n’avance plus, je croise deux mamies qui avancent presque plus vite que moi !! Je n’en peu plus, la seconde féminine de l’épreuve, Anne Sophie que je salue au passage, que j’avais doublé quelques heures plus tôt, reviens à ma hauteur, j’essaie de lui emboîter le pas, mais impossible, je la laisse donc filer….
Après une dizaine de minutes de souffrance nous voila enfin sur la digue de Wissant, apercevant une arche au bout de la digue, j’y suis presque, mais fausse joie, l’arrivée est en réalité 300m plus loin au coeur du village.
Ne voulant plus perdre de place si prêt du but, je me remets à courir et traverse le village sous les encouragements d’un public nombreux !!
Et voilà c’est fini !!! en 6h42 j’en termine en 23ème place, ce qui est un bon résultat si on se rappelle que l’épreuve fait partie du TTN et donc que de nombreux traileurs parmi les meilleurs étaient présents ici.
Je garderai de cette journée quelques images formidables, merci au temps qui nous a offert un spectacle magnifique, une nouvelle expérience de course dans les dunes, et quelques ampoules…
Merci également aux organisateurs pour leur magnifique course, mais si vous m’entendez, la prochaine fois pensez qu’il peut faire beau et chaud dans le Nord !! Un ou deux ravitaillements supplémentaires seraient les bienvenus….
Michel