Chaussures : la course à la légèreté
Innovations technologiques, effets de mode, les fabricants de chaussures nous proposent des produits de plus en plus légers et performants. La tendance actuelle va de plus en plus vers le minimalisme et la chasse au moindre gramme superflu.
Cette tendance, initialement réservée exclusivement aux coureurs sur route, se développe désormais dans le domaine des chaussures de trails. Il n’y a encore pas si longtemps que cela, les chaussures de trail étaient renforcées de tous les côtés et ne pesaient rarement moins de 350grs.
Aujourd’hui, même si ces modèles ne sont pas encore légion, il est possible de trouver des chaussures de trail qui font à peine plus de 200grs (leur prix étant en général inversement proportionnel à leur poid !) et qui n’ont rien à envier aux meilleures chaussures de route. D’une manière générale, il est possible maintenant de trouver de nombreux modèles aux environs des 300grs.
Les avantages d’une chaussure légère :
Le poids de nos chaussures est multiplié par le bras de levier constitué par nos jambes, de telle sorte que l’impact énergétique de ce poids s’en trouve multiplié. Donc d’un point de vue purement mécanique, plus la chaussure est légère et plus la foulée sera libérée et la dépense énergétique réduite.
Cette théorie poussée à l’extrême nous amène tout droit vers les adeptes du minimalisme, voir du courir pieds nus.
Moins amortie qu’une chaussure plus lourde et confortable elle restituera une plus grande partie de l’énergie accumulée lors de l’impact du pied au sol et sera donc plus dynamique.
Ces deux effets combinés conduiront donc à une foulée légère et dynamique mais aussi et surtout plus performante.
Le revers de la médaille :
Qui dit légèreté, dit obligatoirement gain de poids, donc réduction du maintien mais aussi et surtout réduction de l’amorti. Même si les progrès technologiques permettent d’obtenir de meilleures performances amortissantes tout en réduisant la quantité de matériau utilisé, il n’en reste pas moins vrai que plus la chaussure sera légère et moins elle sera en mesure d’amortir nos impacts sur le sol.
Si ce n’est la chaussure qui amorti les chocs, nécessairement ce sera notre squelette et nos chaînes musculaires qui devront encaisser ces impacts répétés. A court ou moyen terme cela peut conduire vers des blessures, tendinites, lésions articulaires, et autres fractures de fatigue,..
Chaussures légères oui, mais pour qui et pour quel usage ?
Pour compenser le manque d’amorti de ces chaussures il est nécessaire que nos muscles locomoteurs ainsi que notre ceinture abdominale soient solides et bien gaînés de façon à éviter que l’onde de choc ne soit transmise à notre squelette et ne vienne user nos articulations.
Il est donc nécessaire d’avoir au préalable une bonne préparation physique générale avant d’espérer utiliser ce type de chaussures en toute sécurité. Il n’est pas possible de monter des pneus de Formule 1 sur une deux-chevaux… le moteur et le châssis de la bête ne seraient pas en mesure de les emmener !
Par ailleurs, plus les distances à parcourir sont longues, plus le manque d’amorti deviendra problématique. La fatigue inhérente aux épreuves longues diminue petit à petit notre tonicité musculaire et donc notre capacité à nous protéger et à amortir les impacts au sol, entraînant alors une augmentation de la fatigue et un risque de blessure accru.
Conclusions :
Les chaussures légères sont à privilégier pour les distances courtes et pour les personnes bien entraînées pratiquant régulièrement des exercices de préparation physique générale.
Il n’est pas possible de passer du jour au lendemain d’une chaussure traditionnelle (aux alentours de 330-350grs) à une chaussure ultra-légère. Il y a forcément un temps d’adaptation, plus ou moins long en fonction de la personne et de son état de préparation physique.
Il est donc nécessaire d’y aller très progressivement dans les deux axes que sont la réduction du poids des chaussures et l’allongement des distances courues avec les dites chaussures. Il faut donc s’armer de patience et ne surtout pas se précipiter, au risque de se faire sanctionner très rapidement par une blessure.
En ce qui me concerne, cette période d’adaptation aura duré plusieurs mois, et n’est pas encore totalement terminée puisque je n’en suis pas encore à courir avec les chaussures du roi Kilian !!
Alors soyez patients et ne cédez pas trop vite aux sirènes des arguments commerciaux de ces marques de chaussures qui nous en mettent plein la vue avec des produits extraordinaires… conçus pour des êtres eux aussi extraordinaires, mais dont nous, communs des mortels, sommes très loin !!
Mon conseil : lorsque vous achèterez votre prochaine paire de trail running, ne cherchez pas à gagner plus de 30 grammes par rapport à la paire précédente et prenez le temps de vous y faire en commençant par de petites sorties, en alternant nouvelle paire et ancienne… en faisant ainsi, vous augmenterez vos chances d’éviter la case infirmerie…