10ème Ecotrail de Paris – 2017
Samedi 18 mars 2017 – Saint-Quentin-en-Yvelines – 12h15
Ce n’est un secret pour personne, l’écotrail n’est pas, et de loin, ma course préférée, et c’est un peu par obligation que j’y reviens cette année (après y avoir échappé l’an dernier !). Malgré tout cela reste une belle course, difficile et avec un plateau toujours très relevé. Mes 2 dernières tentatives s’étaient soldées par de jolis échecs, j’avais donc encore plus à coeur de faire une belle course.
Si le parcours n’offre aucune difficulté technique, et globalement peu de dénivelé, il est malgré tout difficile d’y être performant, tant la gestion de course présente une importance capitale, surtout avec une première partie quasiment plate où il faut bien évidemment éviter de s’enflammer !
Une fois n’est pas coutume, ma préparation hivernale s’est globalement bien déroulée, et c’est quasiment prêt que j’abordais la dernière semaine avant la course. C’est après que les choses se sont, un peu, compliquées ! Tout d’abord lundi, avec une petite séance de piste un peu trop intense qui me laisse en prime 2 joyeuses contractures aux mollets… Plutôt ballot à quelques jours de l’objectif de se retrouver à boiter comme un canard pendant toute la semaine !
Heureusement, à force de patience, de massages, de glaçage et d’une petite séance de Life+ à la remise des dossards, me permettront, du moins en surface, de récupérer de ces contractures et d’être en état de marche pour la course.
Mais tout ceci aurait été encore trop facile s’il n’y avait eu ce vilain petit rhume qui pointa le bout de son museau vendredi matin, pour s’installer progressivement à domicile !!
Il en faudrait plus pour venir à bout de ma motivation et de ma détermination, comme souvent, faudra faire avec les moyens du bord et tout donner pour atteindre les objectifs et faire la meilleure course possible.
La course : l’Ecotrail de Paris 2017
C’est un temps frais, légèrement venteux et un peu humide qui s’offre à nous en cette fin de matinée sur la base de loisirs de Saint-Quentin. Un temps finalement idéal pour courir, sans trop de chaleur qui devrait être propice aux performances !
Le départ : sur les chapeaux de roue !
Comme toujours, j’ai beau me dire qu’il faut partir doucement, qu’il faut gérer les premiers km avant de mettre la machine en route, rien n’y fait ! Je passe le 1er km en 3’53” (avec pourtant le sentiment de me traîner !) puis les suivants s’enchaînent aux alentours des 15 km/h ! Bien plus vite que ce qui était prévu, mais je suis en totale aisance… A ce moment là je me trouve dans le deuxième groupe, calé dans les baskets de Damien Vierdet… Je me dis alors que ça va trop vite, et c’est un peu à contre-coeur que je me décide à laisser filer ce groupe…. et réduire mon allure aux environ de 14-14,5 km/h. C’est encore rapide, mais un peu plus raisonnable tout de même.
Les km défilent à vitesse grand V, je passe aux 10km en 41’50” environ… et continue ma folle chevauchée, le tout en totale aisance musculaire et respiratoire, tous les voyants sont au vert. Je me dis que je commencerai à ralentir lorsque nous aborderons les premières petites bosses du parcours.
Un premier semi de folie !
Jamais sur une course aussi longue je n’avais osé partir aussi vite, jamais je n’aurai imaginé bouclé un premier semi en tout juste 1h30… sur une course de pratiquement 80 km !
Et pourtant, je l’ai fait, quasiment même sans m’en rendre compte, sans forcer, sans puiser outre mesure dans les réserves… mais ne vais-je pas le payer plus tard ? C’est la question que je me suis posé, d’autant que passé l’heure de jeu, mes contractures aux mollets on commencé, tout doucement mais sûrement à se réveiller !
Cependant, pas trop le temps de tergiverser que me voilà déjà au premier ravito, le temps de remplir ma gourde, avaler un tuc et de repartir tranquillement.
Le début des choses sérieuses
C’est après ce premier ravitaillement à Buc que nous entrons dans le vif du sujet, tout ce qui s’est passé avant était de l’ordre de l’échauffement. Nous allons aborder maintenant une successions de butes, plus ou moins raides qu’il faudra grimper puis redescendre…. bref le début des montagnes russes !
Bien sûr ces petites côtes n’ont rien d’extrême et se limitent à quelques centaines de mètres à chaque fois, mais elles font bien mal aux jambes quand-même. Si lorsque la pente n’est pas trop raide j’essaie de poursuivre en courant, je n’hésite pas à marcher dès que cela semble le plus efficace. Il faut penser à préserver sa monture ! La route est encore longue, très longue !
Bien évidemment le rythme a fortement chuté, mais je continue à prendre de l’avance sur mon plan de marche, ce qui est très positif, surtout que les côtes passent bien. Au fil des km je commence ma remontée dans le classement, rattrapant au fur et à mesure de nombreux coureurs… une motivation supplémentaire, surtout après un tel début de course !
Passage au marathon
Décidément, c’est la course de tous les records ! Car si le deuxième semi se révèle bien moins favorable que le premier, je parviens néanmoins à passer le marathon en 3h21’30” environ ! Là non plus, jamais je n’ai réalisé une telle perf lors d’une course de cette distance, avec maintenant quasiment 750m de D+ au compteur !
Nous voilà déjà à l’observatoire de Meudon et au second point de ravitaillement. De 38ème à Buc me voilà maintenant 28ème ! Une belle remontée.
L’heure de vérité
L’observatoire de Meudon est à l’écotrail ce qu’est le 30ème km au marathon ! Un point crucial où tout peut basculer, dans un sens ou dans un autre. Et j’en sais quelque chose ! Dans les éditions précédentes, c’est à ce moment là où j’ai commencé à perdre pied et où ma course a basculé dans le néant !
Je suis donc plus que méfiant et vigilent, je ne m’enflamme pas, car les prochains km vont être déterminants !
Et j’ai raison de me méfier ! Car si je parviens malgré tout à rattraper un premier coureur, je sens les premiers signes de fatigue et de faiblesse. Sur cette portion, pourtant quasiment plane, sans difficultés, j’ai toutes les peines du monde à me maintenir à 11 km/h ! Les premiers doutes font leur apparition. Et si tout allait recommencer comme les fois précédentes ?
Plutôt que de m’énerver, je décide de mettre ce petit moment à profit pour essayer de souffler un peu, de me relaxer… pas facile d’autant que mes mollets commencent à me chatouiller de plus en plus et que tout doucement un petit point de côté commence gentiment à apparaître !
Sur ce type de course, il est inévitable de rencontrer, à un moment ou un autre, un passage à vide, un instant plus ou moins long où l’envie de s’arrêter pointe à l’horizon. Mais au lieu de s’énerver, de s’inquiéter, il faut juste l’accepter, et attendre que cela passe… car si si je vous l’assure, ça fini par passer !
La relance
Mon salut viendra finalement de la côte suivante, ce changement de rythme salvateur qui me permettra, dans un premier temps de reprendre mon souffle, et dans un second de retrouver une allure correcte grâce à la descente qui s’en suivi !
Avant de pouvoir se relancer dans la côte suivante, plus motivé encore en apercevant un petit groupe de coureurs, à peine une ou deux minutes devant moi. De quoi me faire oublier toutes mes petites misères et me remotiver à bloc !
Et c’est comme ça, l’air de rien que j’atteint le 60ème km ! en un peu plus de 5h10 (et oui la moyenne est bien retombée !) Il reste maintenant moins de 20 km à parcourir et chaque km qui passe me rapproche un peu plus de l’arrivée ! (jolie lapalissade au passage !)
Le parc de Saint-Cloud
Au 63ème km me voilà à l’entrée du Parc de Saint-Cloud. Heureusement que je ne comptais pas dessus, car le sois-disant ravito qui devait se trouver à l’entrée du parc… n’existe pas !! mais peu m’importe. Je sais qu’il me reste encore quelques petites montées au travers du parc avant d’aborder la descente vers Paris.
Peu avant le dernier point de ravito, je frise la correctionnelle !! Erreur de balisage, excès de confiance, habitude, inadvertance ? Je ne sais pas mais toujours est-il que je me trompe de chemin !! Pensant être sur la bonne route, je poursuis malgré l’absence de balisage jusqu’au prochain grand carrefour… où évidemment il n’y a rien !! Après quelques instants d’hésitations, je questionne un passant qui me montre au loin les tentes de ravitaillement ! Je suis sauvé… mais combien de temps ai-je perdu dans l’aventure ? ai-je rallongé mon parcours ? Je l’ignore totalement !
J’ai peur que cette bévue ne me coûte cher ! Quel dommage après une si belle course ! Je ne le sais pas encore, mais j’ai eu de la chance dans mon malheur, car non content d’avoir retrouvé rapidement le bon chemin, il s’avère que je n’ai parcouru beaucoup de distance en trop, ma perte se limitant ainsi à ces quelques secondes d’arrêt à chercher ma route !
Le couteau entre les dents
Finalement cet incident fût plutôt positif, car après un bref arrêt au ravitaillement pour me rafraîchir (je n’arrive quasiment plus à boire, tant l’eau proposée au ravito est dégueulasse (ils ont dû la puiser directement dans la Seine !! au prix où l’on paye l’inscription, ils auraient au moins pu se fendre d’un peu d’eau minérale !!).
Malgré mon point de côté qui me fait souffrir en descente à cause des chocs, mes mollets de plus en plus durs… je me lance dans une folle course-poursuite pour essayer de rattraper le temps que je crois perdu !
En à peine le temps de le dire, me voilà sur les quais de Seine ! Maintenant c’est tout plat (enfin c’est ce que je croyais)…. avant le petit crochet par la côte des Gardes (juste histoire de se manger une dernière petite côte !)
Là je me fais rattraper et déposer par un coureur venu de nulle part, tellement frais que cela en paraît suspect… mais bon, ça doit être moi qui ne le suis plus vraiment… frais !
Je ne me laisse pas abattre pour autant, je grimpe cette ultime côte en marchant, de toutes façons je ne vois pas comment je pourrais faire autrement !
Une fois basculé dans la descente, je relance la machine. Il reste à peine plus de 6 km avant la Tour ! Je donne tout ce que j’ai : pas question de voir un autre coureur revenir de l’arrière !
Un rythme de fou ! enfin en toute relativité bien sûr ! Je fini le parcours entre 12 et 12,5 km/h !! J’ai presque l’impression de voler (ahh les hallucinations !!) D’autant qu’au loin j’aperçois 2 coureurs !! qui sont à moins de 2 minutes devant moi !
La course Poursuite
Il reste moins de 5 km à parcourir, serais-je capable de combler mon retard en si peu de temps ? Je ne me pose guère la question et jette toutes mes forces dans la batailles.
Petit à petit je reviens… tout doucement ! A l’abord de l’Ile aux Cignes… je ne suis plus qu’à une quarantaine de seconde du coureur qui me précède !
J’essaie de me rapprocher encore, mais constate que l’écart à combler est trop important alors qu’il ne reste guère plus d’un km, d’autant que lui aussi semble augmenter la cadence ! C’est peine perdue, je n’y arriverai pas et dois me résigner. Je décide alors de profiter de ces derniers instants de course. Me voilà maintenant près du Pont d’Iéna et de cet ultime escalier avant la Tour.
Péline et mes enfants sont là pour m’accueillir et m’encourager. Je prend le temps de leur faire un petit signe avant de poursuivre mon chemin vers la grande dame de Fer.
Au abords de la Tour, il est difficile de se frayer un chemin tant il y a de monde, un dernier petit détour par derrière et me voilà au pied de ces fameux escaliers.
L’ascension de la Tour
J’aborde la montée sur un rythme d’enfer, montant les marches 2 par 2. Mais au bout d’une centaine de marches, n’ayant plus personne ni devant ni derrière, je relâche complètement mon effort… ma progression se fait plus lente, je vascille un peu et la fin de la montée me semble à la fois interminable et magnifique à la fois !
Dans un dernier petit effort j’atteints le 1er étage de la grande dame ! Encore quelques mètres et voici la ligne d’arrivée !!! Je la franchie en 6h48’55″… à la 20ème place au scratch ! A pile 1h de Manu Gault, une nouvelle fois vainqueur de la course !
Contrat rempli
En venant ici, je m’étais fixé pour objectif de terminer entre 15 et 20… et en moins de 7h :
La mission est remplie, bon certes au minimum… mais quand on sait que le 14ème est à peine 5 toutes petites minutes devant, je peux me dire que le boulot a été fait et bien fait … et ceci malgré mes petites mésaventures d’avant course !
D’ailleurs, mes mollets ne tardent pas à me rappeler à l’ordre…. et c’est avec la plus grande difficulté que je vais rejoindre, au grand ralenti, les vestiaires pour récupérer mes affaires. Un petit passage dans les mains de la sympathique équipe de Life+ me redonnera juste ce qu’il faut de vigueur dans les mollets pour rentrer chez moi dans un état pas trop pitoyable
Un grand merci à Péline et à mes deux petits monstres qui m’ont déposés au départ le matin et sont venus m’accueillir à l’arrivée.
La saison 2017 est maintenant lancée, la suite au prochain épisode !