TIERRA DEL FUEGO : 600 kilomètres

Le récit de Carole, photographe à vélo, suiveuse d'un extrême coureur

 

Un vélo, une carriole, une photographe , un coureur et tous les bagages pour une autonomie complète : voilà les ingrédients pour une aventure sportive et humaine. Aventure sur le continent de l'Amérique du Sud : départ Porvenir au Chili, arrivée Ushuaia en Argentine. Tout cela en 12 jours pour 600 kilomètres.

12 mars, Genève, me voilà dans l'avion pour Buenos Aires, la capitale magique de l'Argentine. J'y retrouve mon coureur de l'extrême pour 20 jours hors du commun. 4 jours de voyage pour atteindre la ville de départ au Chili. (Buenos Aires-Santiago-Punta Arenas- traversée du Détroit de Magellan).

23

17 mars : PORVENIR : C'est parti pour 12 jours, à raison de 45-50 kilomètres par jour. Norman court en tirant sa carriole de 40 kg et moi en vélo avec 25 kg de charges et mes appareils photos.

Nous ne pouvons évidement pas tout prévoir à l'avance : il y aura bien sûr de l'inconnu, des impondérables, des surprises....et ce n'est sans dire !

7 premiers jours au CHILI :

Longer la côte, bicycler et courir sur une route caillouteuse, sans trop de vent, découverte de paysages magnifiques, rencontre avec les premiers animaux : flamants roses, albatros, dauphins et guanacos, voilà le programme ! Premières sensations pour Norman qui s'approprie petit à petit les éléments de la nature. Moi, je me familiarise aussi le vélo, les arrêts pour les photos, les bagages sur tous les fronts avant, arrière et sur le guidon. Tout paraît simple et agréable pour la première journée : 45 kil effectués, première nuit sous la tente face à la mer, premier repas digne d'un trail ! La suite n'a pas été de tout repos !Bien sûr, les réveils avec le chant des dauphins, le vent qui n'est que de côté, du soleil, les guanacos toujours au rendez-vous le long de la route, sauvages, c'est toujours le top. Norman adopte un rythme de 5kms à l'heure, très bon rythme. Moi, je reste à l'aise sur mon vélo, si ce n'est que le porte bagage arrière a fait des siennes et que je me suis retrouvée durant 30 minutes à boulonner, déboulonner, reboulonner. Comme si la mécanique devait être contre nous, la carriole se fatigue et lâche en fin d’après-midi du 2ème jour, alors bivouac forcé après 40 kilomètres, ce qui n'est pas si mal finalement.

2 1

Les 2 jours suivant le long de la côte ont été des plus épiques avec des vents à plus de 100 km/h de face bien sûr, sinon ce n'est pas drôle. Carriole réparée, vélo au taquet, mais moral attaqué. Quand tu n'arrives même pas à te mettre sur le vélo plus de 5 secondes, car tu es soit dessous par terre, soit de l'autre côté de la route et tu hurles pour tenir la barre, et tu pleures. Tu pousses alors la bête, la tête rentrée dans les épaules, mais même comme cela, tu te prends tous les gravillons sur le visage en acupuncture. Au bout du compte, nous n'avons fait que 25 kilomètres, et quand 10 heures de « sport », tu as pris le soleil, la neige, la grêle, les 4 saisons en un jour. Mais, tu ne peux pas te plaindre car tu vis une aventure exceptionnelle et tu restes humble.

3 4

Pour les 3 jours restant au Chili, nous plongeons dans l’intérieur des terres. Nous ne croisons toujours que 4 voitures à la journée, c'est assez désertique. Nos compagnons de route sont les guanacos et leurs cris et les premiers condors. Personnellement, je décide de me pacser avec le vent et de vivre avec lui une suite d'expédition amoureuse. J'en bave car même de côté, que cela soit de la gauche ou de la droite, il ne se laisse pas apprivoiser ! Le dénivelé se fait ressentir aussi, ouille ouille les côtes ! Et le terrain est toujours aussi accidenté ! C'est bien sûr sans compter sur la pluie qui vient toujours au bon moment, c'est à dire, au moment de poser le camp ! Ouf, pour une nuit, un gîte dans une usine forestière nous ouvre ses portes, il était temps, on était glacé ! Rencontre avec le local et le renard !

5 7

6

Bon, ce n'est pas le tout, mais il reste des kilomètres à parcourir ! Est-ce bien nécessaire de parler encore de monsieur vent ?! Oui car figurez-vous qu'il aime et moi aussi, notre pacs. J'arrive à surfer avec lui sur 2,7 kms sans pédaler ! Belle maîtrise ! Les paysages sont toujours de grandes étendues sèches, mais quelques arbres font leur apparition ! Et petit sauvetage d'une brebis prise dans la boue, cela m'a valu une chaussure et des odeurs pendant les jours suivant, mais quelle fierté de bonne action !

Une rencontre avec un caporal avant la frontière, digne d'un film américain ! Et la chance d'avoir croisé un lotissement abandonné pour poser la tente dans un mini chalet car car ?? On a pris la pluie torrentielle !

9

Ca y'est stage 7 et nous voilà en argentine après une traversée de Rio à l'arrière d'un pic-up, il valait mieux avec un mètre d'eau glacée 🙂 et nous croisons un peu plus de voitures (une dizaine par jour). Les panneaux de signalisation sont étranges ! Et surtout, nos bivouacs et les couchers de soleil sont à couper le souffle ! Le physique est plus qu'au top et le moral en acier !

10 11

12

Erreur de tracé et une route qui n'existait pas et un jour de pleurs et de vent terrible, une rencontre inopinée, une nuit en Estancia et un repas, journée 8 très difficile et très enrichissante aussi !

13 15

14

Il reste donc 4jours pour plus de 200 kilomètres ! La route 3 tierra del fuego est retrouvée, du bitume donc, un retour à la civilisation, d'autres animaux donc à découvrir ! Nous allons longer la côte une journée et rentrer dans les terres avec les couleurs automnales, le froid, la pluie et la neige.

16 17

18

De nouveau, des rencontres qui nous sauveront la mise à Tholhuin avec une nuit au chaud après une journée quand même de larmes sous une pluie battante où j'ai failli perdre mes membres inférieurs et mes mains... Mais grâce à une stratégie de sacs plastiques ikea de ci de là, j'ai fini quasi au sec

Dernier jour du défi, 65 kilomètres, une montée de 8 km avec 1300 mètres de dénivelé dès le départ, de la pluie pour changer, pas de vent ou si peu, un miracle et des descentes ! Les portes d'Ushuaia nous attendaient avec une belle émotion ! Des souvenirs en tête, dans le cœur, dans les yeux, une connivence extra dans ce binôme ! Des hauts, des bas, des pleurs, des coups de rage, des sourires, des raz-le-bol, des plaisirs mélangés, des fous rires inoubliables . La liste peut être longue ! Mais quel bonheur ! Quel défi sportif !

11 20 (1)

21 19

24 22

WE DID IT !


Autres articles recommandés pour vous :

Cet article vous a plu ? Faites le connaître : Partagez-le !


Vous pouvez aussi lui attribuer une note... !

1 étoiles2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles6 étoiles7 étoiles8 étoiles9 étoiles10 étoiles (1 votes, average: 7,00 out of 10)
Loading...

Soyez les premiers informés de nos prochains articles :


5 réflexions au sujet de « TIERRA DEL FUEGO : 600 kilomètres »

  1. Bravo à vous deux, j’espère vivre la même aventure prochainement sur nos terres européennes, sans pluie sans vent mais certainement avec le soleil et la chaleur. http://www.wm2014.fr
    A la semaine prochaine en terre jurassienne.

    1. Bonjour Thierry,
      c’est un sacré défi que tu te lances, si tu le souhaites je peux publier un article pour présenter ton défi (si cela t’intéresse, contactes moi via le formulaire de contact…)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *